Emigré à Barcelone en 1920, Laureano Cerrada Santos, qui avait été un élève de l’école rationaliste de José Alberola, animait les syndicats cheminots de la CNT et était un membre très actif des groupes de défense. En juillet 1936 il avait participé à la prise de la caserne de Atarazanas puis à la prise de contrôle de la Gare de France à Barcelone où il allait être l’âme du Comité de contrôle des chemins de fer. Pendant la guerre il fut le fondateur en 1937 d’une Direction générale technique des chemins de fer et le responsable de la Caisse centrale de l’administration des chemins de fer, poste où il sera d’une grande aide pour les compagnons du front d’Aragon.
Exilé en France lors de la Retirada, il travaillera dans une fonderie à Chartres jusqu’à l’arrivée des allemands où il gagna Montauban puis Angoulême. Pendant l’occupation allemande il avait monté un atelier de faux papiers, participait à la Résistance (sabotages, récupérations d’armes) et montait une vaste infrastructure (hôtels, imprimeries, dépôts d’armes.) qu’il mettra par la suite au service de la lutte antifranquiste.
Elu secrétaire de la XI Région (Paris, Aisne, Calvados, Eure et Loir, Eure, Marne, Orne, Oise, Seine et Oise, Seine et Marne, Somme…) en 1945 - aux cotés de Baquero, P. Sanchez, A. Sanchez, Gutierrez, Caparros et Figuerola - il a été l’un des organisateurs du 1er Congrès de la CNT en exil tenu à Paris en mai.
Secrétaire de coordination (1945) du Mouvement libertaire espagnol, il allait financer l’achat de diverses bases des groupes d’action (le Mas tartas, un hôtel à Font Romeu, etc), être la cheville ouvrière des principales tentatives d’attentats contre Franco (affaire de l’avion, plan Mil Uno, Plan Panico…) et grâce à la fabrication de fausse monnaie et la falsification de bons du Trésor, montait en Espagne plusieurs entreprises d’import export qui camouflaient les activités clandestines de la CNT.
En février 1946 il aurait été l’organisateur de l’attaque d’un fourgon du Crédit Lyonnais à Paris où 30 millions de l’époque avaient été récupérés et destinés à l’achat d’armes en Italie qui étaient ensuite transférés entre les côtes italiennes et françaises avec des vedettes rapides. Il aurait également récupéré dans une imprimerie de Milan où était fabriquée les billets de 50 et 100 pesetas une planche à billets qui lui permettra de tirer de la fausse monnaie espagnole.
En mai 1947 il aurait été contrôlé à Vintimille, à la frontière italienne, où, se faisant passer pour un général, il parvint à passer une centaine de faux passeports et de la fausse monnaie.
En 1948 il était membre du Comité de relations de la Fédération Anarchiste Ibérique (FAI). Il a grandement aidé financièrement la presse de l’exil et en particulier Solidaridad obrera et de nombreux militants auxquels il a fourni des faux papiers.
Arrêté suite à une dénonciation en 1951 à Gaillon (Eure) pour trafic de fausse monnaie, une partie de son infrastructure tombait : une imprimerie à Elbeuf, un hôtel à Paris, le garage de la rue de la Douane et son important parc de camions, une fabrique de chaussures et une agence de transports ; tous ces commerces étaient légaux, mais il était impossible de justifier leur origine. Parallèlement,t plusieurs comptes bancaires (représentant plusieurs dizaines de millions de l’époque) avaient été saisis. Il fut emprisonné de 1951 à 1954 et fut « exclu » du mouvement libertaire pour « méthodes inadmissibles ».
De nouveau arrêté en France le 27 mai 1970 pour trafic de faux papiers, il fut emprisonné jusqu’en 1974.
Laureano Cerrada Santos a été assassiné à Paris le 18 octobre 1976.
Le jugement porté sur lui par d’autres militants est très contrasté : « un semi analphabète » selon José Peirats, « un idéaliste qui a tout donné à la CNT » pour Pastor Sevilla, « un maffieux” pour J. Borras, et pour beaucoup « le véritable animateur de la CNT entre 1944 et 1948 ».