C’est en 1930 que Diego Camacho Escámez avait émigré à Barcelone avec sa famille. Á partir de 1932 il était élève à l’école rationaliste “Natura” (appelée aussi La Farigola) de Clot, dirigée par Juan Puig Elias. Á l’été 1935 il retournait à Almeria avec sa mère et adhérait à la CNT et aux Jeunesses Libertaires (FIJL). Il fréquentait le local de l’association paysanne “La Aurora” et militait aux cotés de Carlos Cueto García. En février 1936 il retournait définitivement à Barcelone où tout en continuant à fréquenter l’Ateneo “Eclectico” il commençait à travailler dans une usine textile puis dans un kiosque à journaux tenu par Liberto Sarrau Royes. Membre des groupes de défense de Clot, il faisait partie du groupe Los Quijotes del ideal de la FIJL et de la FAI, groupe qui dès le début de la révolution de juillet 1936 allait s’ opposer à la participation gouvernementale. Outre Diego Camacho étaient membres du groupe Germinal Gracia, Liberto Sarrau et Federico Arcos, tous anciens élèves de l’école “Natura” de Clot. Il travaillait alors dans un atelier de mécanique-chaudronnerie.
Sa participation aux évènements de mai 1937 lui avait valu d’être brièvement arrêté. En juin 1937 il était le délégué de Clot au plenum régional des Jeunesse Libertaires. En octobre 1937 avec Germinal Gracia Ibars et Liberto Sarrau il participait à la collectivité agricole de Cervia (Lerida). Délégué au plenum de la FIJL de 1938 il partait ensuite pour le front dans le XI Corps d’armée à Artesa de Segre sous le commandement de Manuel Iglesias.
Passé en France en février 1939 il était interné dans divers camps dont Saint-Cyprien, Argelès, Bram, etc, puis travaillait successivement à Bordeaux, dans les Landes, puis à Saint Jean de Luz dont il s’échappait et regagnait Bordeaux. En 1941 il était à Marseille et faisait partie avec Daniel Berbegal d’une commission de réorganisation de la CNT. Puis Diego Camacho a été emprisonné en France jusqu’en avril 1942 date à laquelle il décidait de rentrer en Espagne pour poursuivre la lutte.
En juin 1942 il passait en Espagne avec Liberto Sarrau. Il travaillait alors dans la construction à Barcelone et était membre de la FIJL. Arrêté le 8 décembre 1942 il était condamné à sept ans de prison et interné successivement à Barcelone, Burgos, Gerone et Salt. Libéré le 13 avril 1947 il continuait de participer à la clandestinité. Lors de la vague de grèves de mai 1947 il était envoyé par les comités péninsulaires de la FIJL et de la FAI à Bilbao pour recueuillir des informations. En juillet 1947 il était le délégué de la FIJL de Catalogne au Comité péninsulaire de la FIJL et participait au plenum de Madrid à l’issue duquel il était arrêté. Il collaborait à cette époque à l’organe clandestin de la FIJL Juventud Libre (Madrid, au moins 5 numéros de mai à décembre 1947). Emprisonné à La Modelo de Barcelone, il collaborait en 1949 avec Emilio Vilardaga et Manuel Llatser aux bulletins de prison La Voz Confederal et CNT Entre Rejas, puis il était transféré au Sanatorium anti-tuberculeux de Cuellar. C’est en 1948, à la Modelo, qu’il rencontra sa future compagne, Antonia Fontanillas.
Libéré en avril 1952 il travaillait alors dans une fabrique de bière de Barcelone. En juin 1953 il était envoyé en France comme délégué de l’intérieur au congrès de l’AIT.
En décembre 1953 le Secrétariat Intercontinental de la CNT lui confiait la mission de retourner en Espagne pour y organiser la publication de Solidaridad obrera et CNT. Á Barcelone c’est avec Manuel Llatser Tomas “Rosendo” employé à la maison d’éditions Regina, Antonio Miracle Guitart, Antonio Ramia Antequera et Gaspar de Lloret De Aguilar que le projet était mis en route ; un local, au n°4bis de la rue San Paulino de Nola, était trouvé où allaient être imprimés les journaux confédéraux à partir de juin 1954. Les contacts avec l’exil étaient assurés par Primitivo Llansola Ranau, sa compagne Dolores Cabanes Montañés, Maria Mas Canals et Juan Vicente Castells. La diffusion étant assurée par Carmen Edo Gil chez qui les exemplaires étaient déposés. C’est cette équipe qui assurera le tirage à 5.000 exemplaires d’au moins 6 numéros entre juin 1954 et août 1955 où l’imprimerie sera découverte par la police.
Très vite Diego Camacho avait démissionné de la Commission de défense et était retourné en France où il allait retrouver sa compagne Antonia Fontanillas avec laquelle il eut un fils, Ariel. Il allait d’abord à Clermont Ferrand puis à Paris. Militant de la CNT en exil, il était également membre de la Commission de relations de la FIJL (jusqu’en 1959) et de la FAI (d’abord dans le même groupe qu’Antonio Cañete, Crescencio Rodríguez, etc) puis dans le groupe Nervio avec Ildefonso González Gil et José Arolas. En 1957 il est un des délégués de Paris au Congrès de la FIJL à Toulouse. Il participera ultérieurement à la plupart des congrès de l’exil et collaborera à l’ensemble de la presse libertaire sous divers pseudonymes dont Helios, Xeus, Luis Del Olmo,Iberico et bien sur Abel Paz. Ouvrier à l’imprimerie de labeur La Néogravure à Issy-les-Moulineaux, il maintenait de nombreux contacts avec la nouvelle génération de militants libertaires, tant espagnols que français, apparue lors des évènements de mai 1968. Tour à tour compagnon de Avelina Ronchera puis de Jenny Benimeli il se consacrait à l’écriture et en particulier à la biographie de Buenaventura Durruti qui sera traduite dans une quinzaine de langues.
Rentré en Espagne en 1977, Diego Camacho était membre de la fédération locale de Barcelone de la CNT et contribuait à la formation du Centre de Documentation Historico Social (CDHS).
Il entamait alors une série de livres historiques et autobiographiques tout en participant à de multiples conférences et débats tants en Espagne qu’à l’étranger.
Diego Camacho Abel Paz est décédé à Barcelone le 13 avril 2009. Incinéré le 15 avril au cimetière de Montjuich, ses cendres ont été dispersées le lendemain sur la plage de Mongat.
Œuvres : - La CNT y el porvenir de España (Toulouse, 1963) - Paragdima de una revolución (Choisy, 1967) - Actuacion y proyeccion : la CNT en el anarquismo - Durruti, le peuple en armes (Paris, 1972) - La organizacion (Barcelone, 1980) - CNT 1939-1951 (Barcelone, 1982) - Cronica de la columna de ferro (Barcelone, 1984) - Durruti en la revolucion española (Barcelone, 1986) - 19 del juliol del 36 a Barcelona (Barcelone, 1988) - Entre chumberas y alacranes (Barcelone) - Viaje al pasado (Barcelone) - Al pie del muro (Barcelone, 1991) - Entre la niebla (Barcelone, 1993) - Durruti (Madrid, 1997) -La guerre d’Espagne (Paris, 1997) - Los internacionales en la region española 1868-1872 (Barcelone, 1992) - La cuestion de Marruecos y la Republica española (Madrid, 2000).