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Los de la sierra 1936-1975
Dictionnaire des guerilleros et résistants antifranquistes

Le dictionnaire des guérilleros et résistants antifranquistes, tente de répertorier les hommes et femmes de toutes tendances (anarchistes, communistes, socialistes, sans parti) ayant participé pendant près de quarante ans, (1936-1975) souvent au prix de leurs vies ou de longues années de prison et souvent dans une indifférence générale, à la lutte contre la dictature franquiste. Ce travail a été commencé il y a plus de vingt ans par l’historien libertaire Antonio Tellez Sola (1921-2005) en collaboration avec Rolf Dupuy du [*Centre International de Recherches sur l’Anarchisme*] (CIRA).

FONTANILLAS BORRAS, Antonia “AURORA” ; “TONA”
Née à Barcelone le 29 mai 1917 - morte le 22 septembre 2014 - FIJL - MLE - SIA - CIRA - CNT- CGT - Barcelone (Catalogne) – Clermont Ferrand (Puy-de-Dôme) – Dreux (Eure-et-Loir)
Article mis en ligne le 6 mars 2008
dernière modification le 22 octobre 2024

par R.D.

Fille de militants et nièce de Francisca Saperas Miró et Martin Borrás Jover, Antonia Fontanillas Borras avait émigré avec ses frères et sa mère à l’âge de huit ans à Mexico. C’est là qu’elle alla l’école pendant six ans et qu’elle s’y était prise de passion pour la lecture. Après l’expulsion de son père du Mexique en 1933, toute la famille retournait à Barcelone en 1934. Antonia y trouvait un travail dans une lythographie et adhérait à la CNT et aux Jeunesses Libertaires où elle allait être la déléguée de la FIJL des arts graphiques à la Fédération locale. Pendant la guerre, après avoir tenté de s’enrôler comme milicienne lors de l’expédition à Mallorque, elle avait travaillé à l’administration du quotidien Solidaridad Obrera (Barcelone).

Restée à Barcelone après la victoire franquiste, elle était membre de la FIJL et c’est à son domicile qu’en 1945 étaient composés les numéros clandestins de Solidaridad Obrera (au moins 14 numéros de janvier à novembre 1945). Le journal était alors imprimé sur la petite presse du compagnon Armengol au quartier de Gracia, rédigé par Juan Domenech, Jose Lamesa et Arturo membres du syndicat des arts graphiques, et composé par le militant des Jeunesses Libertaires, Jose Nieto.
Antonia Fontanillas Aurora raconte : “… Parmi les camarades qui sont rapidement rentrés de l’exil il faut signaler un groupe assez nombreux de militants du syndicat des Arts graphiques de Barcelone, dont certains étaient aussi membres des Jeunesses Libertaires. C’est par eux que je l’ai su lorsqu’ils venaient me voir chez moi accompagnés par les compagnons Meana et Jose Nieto qui comme Marina Herreros et moi même étions restés en Espagne. Des jeunesses libertaires du syndicat des arts graphiques il y avait les frères Tobena, De Haro, Saez… etc. Je ne sais pas si Vela et Cimarro qui ont été actifs pendant la clandestinité, étaient eux passés par l’exil… Quand à Luis Antonio qui avait été le président du syndicat, il est aussi revenu avec d’autres militants qui sont peut être ceux que j’ai rencontré plus tard : Segura de la junte des ouvriers relieurs, Lamesa, Arturo Benedicto, Domenech et bien d’autres….

Ce doit être dans les derniers mois de 1944 que Jose Nieto, mandaté par des camarades des Arts graphiques qui devaient sans doute avoir des responsabilités à la Fédération locale et au Comité Régional, est venu me proposer de leur céder une pièce de ma maison pour installer les casses typographiques destinés à la composition de “Solidaridad Obrera”. Un des premiers textes qu’il a composé là a été un Manifeste de l’Alliance Nationale des Forces Démocratiques (ANFD). En réalité il y a eu plusieurs compagnons qui ont participé à la composition du journal. Arturo Benedicto a souvent remplacé Nieto à la composition, car ce dernier qui avait beaucoup de temps ne travaillant pas pour cause de tuberculose, avait des rechutes assez sérieuses. D’ailleurs il était le seul des compositeurs, je crois,à être rémunéré pour son travail : il touchait un peu plus de 100 pesetas par semaine. Lamesa qui était aussi compositeur et très bon professionnel, avait une grande responsabilité puis qu’il assurait la liaison entre le Comité Régional par l’intermédiaire de Pedro Llorca et le principal rédacteur et responsable du journal qui, comme je l’ai appris plus tard, était le compagnon Mariano Casasus qu’il rencontrait dans un bar, puis ultérieurement à son domicile et à qui il remettait les épreuves à corriger ; en plus Lamesa assurait l’acheminement du texte composé - qui passait souvent par différentes mains, y compris parfois par celles de mon frère Martin - jusqu’à l’imprimerie du quartier de Gracia où était effectué le tirage. Puis les plombs étaient ramenés à mon domicile pour y être décomposé ; c’était parfois Lamesa qui faisait cette opération et il distribuait les lettres dans le cassetin avec une rapidité merveilleuse. Parfois venait aussi à la maison J. Domenech qui était aussi des Arts Graphiques et qui devait être le trésorier de la Fédération Locale ou du Comité Régional car c’était lui qui apportait la somme de 30 ou 50 pesetas mensuelles représentant le loyer que, malgré notre refus, ils se sont obstinés à payer. Je crois également que la distribution de la “Soli” sur le quartier de La Bordeta était assurée par le compagnon Tomas Andres.

Tout ce bon travail a été détruit le 7 novembre 1945 - une date qui m’est restée gravée dans la mémoire : nous étions à la maison en train de manger lorsque est arrivé Arturo Benedicto qui était très inquiet. Il nous a annoncé l’arrestation deux ou trois jours avant de j. Domenech. On a mis en caisse tout le matériel que des camarades devaient venir chercher ultérieurement pour le mettre à l’abri.

Bien que Jose Nieto ne s’occupait pas alors de la composition, victime d’une rechute de sa tuberculose, je suis allée immédiatement le prévenir de ne pas passer à la maison. Quand je suis rentrée chez moi, ils étaient déjà là : deux de la police secrète. Le compagnon Lamesa qui était grand et corpulent et qu’ils avaient amené avec eux, était debout au milieu de la pièce ; mon pauvre père, agé de soixante dix ans, était assis dans un coin sans rien dire. C’est moi qui ai été interrogée et, chose curieuse, je suis restée parfaitement calme. Un des flics, un blond bien habillé et présentant bien, mais, comme on dit vulgairement de très mauvais poil, jetait à terre les livres de notre bibliothèque en disant “Il n’y a que de la littérature révolutionnaire”. Il inspectait tous les objets sur la commode - il y avait là une jolie boite en bois contenant deux urnes avec les cendres de ma grand-mère et de ma tante dont mon père ne se séparait jamais. Comme il allait ouvrir un poudrier je lui ai dit : — “Il n’y a rien là dedans que des petits coquillages de la plage”
— “Ah oui ! et ça qu’est ce que c’est ?” dit il en ouvrant la main et me montrant les insignes des Jeunesses Libertaires, de la CNT et de SIA. Et moi sans me troubler je lui ai répondu : — “Bon, et alors, tout le monde les avait avant !”. Au bout d’un moment il a donné l’ordre à l’autre policier de nous conduire Lamesa et moi à la préfecture de police de la via Layetana (ex via Durruti). Là il nous a amené dans un bureau où il y avait le commissaire Polo qui lui a dit “Comment, tu ne sais pas où est l’imprimerie ? Mais ça y est nous l’avons. C’est à Gracia, place de la Constitución” (ou un nom proche). Après il s’est adressé à moi et m’a dit que je serais libérée à neuf heures le soir, ce qui m’a surprise. Puis on m’a conduit dans une salle où un policier a enregistré mon identité, ma déposition, a relevé mes empreintes digitales, mais ne m’a pas photographié. Après ils m’ont descendu dans une cellule, au début du couloir, près des WC.Il y avait là au moins trois ou quatre femmes qui occupaient le banc de pierre le long du mur. Il n’y avait même pas la place de s’allonger par terre. Comme l’heure du repas approchait on m’a donné une cuillère et une assiette en fer blanc, mais je n’ai pas eu le temps de m’en servir car on est venu me chercher pour me ramener dans la salle où j’avais été interrogée… Le lendemain, à la sortie du travail est venu à ma rencontre le compagnon de la CNT, Soriano qui était lynotipiste et travaillait aux ateliers de “Solidaridad Nacional” ou de “La Prensa”. Il m’a demandé de lui expliquer les faits et m’a appris que les compagnons Vela et Cimarro étaient venus chez moi rue Robador, avec une camionnette pour évacuer les caisses contenant le matériel d’imprimerie. Ils avaient alors vu devant ma porte la voiture de police, ce qui leur permit de ne pas tomber dans la gueule du loup, contrairement à Nieto, qui s’inquiétant, est venu chez nous malgré mon avertissement. Avaient également échappé à la rafle Arturo Benedicto et le directeur de “Solidaridad Obrera”, Mariano Casasus. Par contre je crois que Torremocha a été pris dans cette rafle. Je ne sais pas combien il y a eu d’arrestations en tout, mais Nieto et d’autres ont été remis en liberté provisoire au bout de sept ou huit mois de prison. En 1953, peu avant que je passe en France, Lamesa est venu me prévenir que le procès allait avoir lieu et m’a dit que s’ils me le demandaient, je charge pour cette affaire “l’homme au sac” ! Bien des années après, quand j’étais à Clermond-Ferrand et que je parlais de cette affaire à Aurelio Miguel, ce dernier m’a dit alors “L’homme au sac, c’était moi !”. J’ai compris alors qu’étant passé en France, avant le procès, et ne risquant plus rien, c’était lui qui avait endossé la plus grande partie de la responsabilité de toute cette affaire
 ».

De gauche à droite : Felipe Arguedas, Pilar, Antonia Fontanillas, Marina Herreros, ?, Hernandez, José Nieton Martin Fontanillas (allongé) : Groupe FIJL des arts graphiques

Antonia, dans les années suivantes allait collaborer également à Ruta (15 numéros de juin à novembre 1946 et au moins 5 numéros de mars 1947 à mai 1948) clandestin et être responsable des relations entre les prisonniers et leur avocat.

« … A l’origine de la publication de “Ruta” il y a trois compagnons : Manuel Fernandez et Miguel Jimenez, tous deux originaires de Grenade, et Juan Serna qui venait d’être libéré de la prison de Barcelone où l’avait conduit ses activités en tant que secrétaire du Comité Régional des Jeunesses Libertaires de Catalogne. C’était dans les premiers mois de 1946 et ces compagnons et quelques autres ont décidé d’envoyer un délégué au 2e Congrès de la FIJL en exil qui devait avoir lieu à Toulouse en mars. C’est Manuel Fernandez qui est parti pour la France, et à son retour étaient déjà arrivés de France les compagnons Raul Carballeira Lacunza et Diego Franco Cazorla “Amador Franco” et “Ruta” était déjà en préparation. Miguel Jimenez, qui grâce à la fabrication clandestine de savon faisant vivre sa famille, celle de Fernandez ainsi que le couple qui allait se charger de l’impression de “Ruta”, Pura Lopez et Francisco Lopez Ibañez, Miguel donc, allait procurer les moyens nécessaires à la sortie du journal. Il avait déjà acheté les caractères d’imprimerie et une machine Boston qu’il avait stocké à son propre domicile, près de la rue Espronceda, au quartier de San Martin. Puis il a été trouvé un local dans le quartier du Carmelo : c’était un rez de chaussée d’une maison neuve, dont le premier étage était inhabité, qui appartenait à la Caisse d’Épargne, et était situé rue Nuestra Senora de los Remedios. C’est là qu’a été tiré le premier numéro de “Ruta” et que s’est installé l’imprimerie jusqu’à la chute du 2 décembre 1946.

Le premier numéro a été le n°9 (du 15 juin 1946) et selon les explications de Jimenez comme de Manuel, c’était pour désorienter la police et laisser croire qu’il y avait déjà eu d’autres numéros. Le fait de le postdater (15 juin) par rapport à la sortie réelle à la fin mai correspond sans doute au désir de préserver un laps de temps pour pouvoir faire le second numéro (à ce moment le journal était en principe hebdomadaire). Comme Amador Franco à son retour en France, et Fernandez et Raul lors de leur voyage en Andalousie à la fin mai ou au début juin ont amené avec eux le premier numéro de “Ruta”, cela confirme bien qu’il est sorti bien avant la date imprimée sur l’en-tête.
C’est Miguel Jimenez Rodriguez qui dirigeait vraiment “Ruta” à ce moment et celui qui collaborait le plus avec lui, y compris en écrivant en alternance les éditoriaux, c’était Raul Carballeira. Manuel Fernandez, jusqu’à son arrestation en aout, assurait la rubrique “Informacion del Interior” ainsi que les reportages sur l’Andalousie. C’est lui aussi qui allait à l’imprimerie pour assurer la mise en page ou faire un article de dernière minute au cas où il en aurait manqué. Les groupes des différents quartiers fournissaient aussi parfois quelques articles. Amador Franco a aussi collaboré au premier numéro et je crois pouvoir lui attribuer les deux articles qui étaient les plus lyriques “A Ti, Joven” et “Resurgir”. Quand à moi j’ai commencé ma collaboration au n°12 et l’ai continué sous le même pseudonyme “Una joven libertaria” de façon sporadique jusqu’au dernier numéro de cette époque : le n°23 du 20 novembre.

“Ruta” avait trois rubriques fixes : “Deciamos Ayer”, “Silbidos” (tenue par Miguel) et “Informacion Del Interior”. L’arrestation de Fernandez a été pratiquement simultanée à l’arrivée de France de Joaquina Dorado et de Liberto Sarrau. Ce dernier s’est immédiatement incorporé à la rédaction et a repris la rubrique satirique “Silbidos” sous le nouveau titre “Espiche”. Peu après Jaime Amoros est arrivé de France et s’est intégré aux activités clandestines de la FIJL.

… En tout cas “Ruta” a eu une vie agitée due à la persécution auxquelles nous étions confrontés et aussi au manque de moyens matériels ; plus d’une fois, c’est la générosité et l’abnégation de Miguel et de sa bonne compagne Encarna — elle l’aidait non seulement à la fabrication du savon, mais aussi à la vente et malgré les gains réalisés, tous deux vivaient d’une façon archi modeste avec pour tout mobilier quelques chaises et une table — qui ont permis à “Ruta” d’exister. Il faut dire aussi qu’étaient modestement rétribués le vieux compositeur Mediavilla qui était très compétent mais avait une fâcheuse inclination à la boisson, tout comme le jeune compositeur valencien qui le remplacera après à condition de n’occuper aucune autre responsabilité organique, et aussi le compagnon de Pura qui assurait le tirage à la main sur la Boston.
Le papier était fourni gratuitement par Juan Serna, dont je ne me souviens plus à quel groupe de quartier des Jeunesses il était adhérent. Miguel me l’avait présenté un dimanche, en face de la prison : il s’agissait d’introduire “Ruta” à l’intérieur de la prison par l’intermédiaire d’un compagnon emprisonné et travaillant à l’administration interne de la prison. Ce compagnon m’a aussi été présenté, mais finalement, ils ont changé d’idée et je ne me suis plus occupée de cela. En échange j’ai été chargée plusieurs fois d’amener un paquet de 50 exemplaires de “Ruta” à Sabadell où je les remettais à Antonio Salvado qui s’occupait de les distribuer ; mais le plus souvent c’était lui qui venait chercher le paquet de journaux à Barcelone Au sujet de la prison, on m’a dit que c’était Maria Pajerols qui s’en était chargée : elle y allait souvent avec sa soeur pour voir son beau frère Emilio Vilardaga. Maria sera plus tard la compagne de Ramon Gonzalez Sanmarti, ce brave compagnon qui sera abattu deux ans plus tard, un 13 juin.

Le tirage de “Ruta” était d’environ 2000 exemplaires et bien que le prix, 0,50 centavos était marqué, les versions qui existent sur le paiement réel sont très contradictoires ; moi même je ne me souviens plus si on me payait les exemplaires quand je les amenais à Sabadell.
Je veux aussi dire que dans le n°22 il y a un petit article signé “Una Libertaria” et d’après mes souvenirs et ceux de Jimenez, il avait été écrit par Remedios Falceto, une camarade qui était alors la fiancée de Celedonio Garcia Casino “Celes” du groupe de Jose Lluis Facerias…

Avec le départ de Liberto Sarrau et de Dot pour la France, les arrestations en décembre 1946 des compagnons liés à l’imprimerie, et le départ quelques jours après de Raul pour Madrid puis pour la France, nous restions seules Joaquina et moi ainsi que le compagnon Pedro Ara, et nous avions le désir de continuer de faire paraître “Ruta”. Joaquina qui en savait autant que Liberto avait le moyen de contacter l’organisation ; elle m’a dit qu’elle connaissait une imprimerie mais que celà présentait quelques problèmes ; en plus il nous fallait absolument un compositeur. J’avais laissé un mot chez moi pour Jose Nieto, mais ça n’avait rien donné. Je suis allée alors au bar “Los Pajaritos” où se réunissait les compagnons du syndicat des arts graphiques. Segura de la junte syndicale de la reliure m’a adressé à quelqu’un qui s’occupait de “Soli”, mais ça n’a pas donné de résultats. Bien des années après, quand j’ai vu les deux numéros de “Ruta” de décembre 1946 et janvier 1947 sortis par les “Autres” (Ndt le secteur collaborationniste), je me suis demandée si ce n’est pas moi avec mes recherches qui leur aient donné l’idée car cela faisait logtemps qu’ils voulaient sortir “Ruta” sur les mêmes positions politiques de la CNT d’alors.

J’avais pris tant à cœur le désir fou de voir reparaître “Ruta” que j’avais déjà préparé le texte pour la rubrique “Deciamos ayer”, deux articles avec des pseudonymes différents et même je crois quelque chose pour la rubrique “Espiche”. Lorsque il y a peu de temps, j’ai pu me procurer une photocopie du n°24 (mars 1947), le premier numéro sorti par Liberto Sarrau à son retour de France, j’ai retrouvé ces deux articles signés “Una” et “Ania” (contraction de mon prénom Antonia). Dans le n° 25 (22 mai 1947) il y avait deux articles envoyés depuis la prison et un signé “Un militante anonimo” qui avait été écrit par Ramon Gonzalez. Moi j’avais signé un nouvel article sous le pseudonyme “Rebeldia”.
Je ne sais plus pourquoi “Ruta” s’est arrêté en 1947, en tout cas il n’est reparu qu’après le retour de Raul Carballeira et de Pedro Ara. Il y a eu alors trois numéros : le 26 (20 février 1948), le 27 (7 avril 1948) et le 28 du 15 mai, sans mention d’année. Mais il est certain qu’il est de 1948 car j’ai reconnu en première page un de mes articles dont je me souviens bien parce qu’il tournait autour du problème de la violence et faisait suite à une légère polémique que j’avais eue à ce sujet avec Juan Cazorla “Tom Mix” lors d’une de nos sorties à la campagne. A cette période Cazorla était volontaire pour apprendre la composition typographique et c’est lui qui lettre après lettre composait “Ruta” qui sortait alors dans des conditions invraisemblables. Dans cette série de 1948 tous les articles étaient signés et l’on peut identifier les pseudonymes suivants : “Chirimoya” (Miguel Jimenez), “Aiduc” (Raul Carballeira). Germinal Gracia y a aussi participé et moi j’avais définitivement adopté le pseudonyme “Alba”.
 »

C’est pendant cette période de clandestinité qu’Antonia devenait la compagne de Diego Camacho Escamez Á la libération de prison de Diego Camacho, elle le suivait en exil en France en 1953 à Brezolles puis à Clermont-Ferrand où elle militait activement à la CNT, au MLE et au groupe artistique local. En 1957 elle était une des responsables du Boletin Regional de La Fijl. Elle participait activement à tous les campings annuels organisés par les Jeunes libertaires tant français qu’espagnols.

En 1958 elle se séparait de Diego Camacho et avec leur fils Ariel, s’installait à Dreux où en 1960 elle devenait la compagne d’Antonio Cañete Rodríguez et continuait d’avoir de multiples activités dans l’organisation et aussi au groupe théâtral. Elle était également la rédactrice du bulletin Surco (Dreux, 7 numéros de septembre 1966 à fin 1967) publié en français, espagnol et espéranto.
Militante de la FL-CNT de Dreux jusqu’à sa dissolution, Antonia Fontanillas Borrás a milité ensuite aux Agrupaciónes Confederales qui regroupaient les militants éditant le journal Frente Libertario.

Après la mort de Franco, elle a participé à tous les congrès de la CNT de 1979 à 1983, puis à ceux de la CGT à partir de 1983. Parallèlement elle participait à de multiples conférences, expositions, présentation de livres tants en Espagne qu’à l’étranger (Italie, Luxembourg, France) et collaborait aux travaux du Centre International de Recherches sur l’Anarchisme (CIRA) dont elle était membre et à de très nombreux travaux de recherches sur le mouvement libertaire espagnol.
Antonia Fontanillas, sous divers pseudonymes (Tona, F. Borras) a collaboré à la presse de l’exil (Ruta, Solidaridad Obrera, CNT, etc.) et à de nombreux titres en Espagne.

En 2007 elle participa notamment aux rencontres organisées par la CGT sur l’histoire du groupe Mujeres Libres, ainsi qu’au numéro spécial du centenaire de Solidaridad Obrera (n°334, mai 2007) édité par la CNT-AIT.

Elle est l’auteur de plusieurs travaux inédits (“Der lo aprendo y vivido”, 1996, paru en italien ; “Desde uno y otro lado de los Pirineos”, 1993 ; “Testimonio sobre Germinal Gracia”, 1992 ; “Francisca Saperas”, 1995) et a aussi collaboré à l’édition de l’étude sur les Femmes libertaires “Mujeres libres : luchadoras libertarias” (Madrid, 1998), de l’anthologie de Luce Fabbri “La libertad entre la historia y la utopia” (Barcelone, 1998).

Œuvres : - Lola Iturbe : vida e ideal de una luchadora anarquista (co auteure avec Sonya Torres, Ed. Virus, 2006).

Rolf Dupuy


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