Né au Portugal où son père, militant anarchiste, était parti travailler, Antonio Bruguera Pérez avait à peine cinq ans quand ses parents étaient revenus dans leur village d’origine, Jerez de Los Caballeros (Badazoz). En 1932 il était le secrétaire des Jeunesses Libertaires de Jerez de los Caballeros dont il avait été le fondateur.
Au début de la guerre civile il était membre du CR-CNT d’Estrémadure qui venait de se former. En 1938 avec sa mère, sa soeur et un groupe de compagnons il tentait de passer au Portugal, mais tous devaient revenir sur leur pas et se cacher dans des huttes. Par deux fois Antonio Bruguera tentera à nouveau de passer vainement la frontière. A son retour il était en territoire franquiste et découvert par des phalangistes. Arrêté et interné à Badajoz, il était condamné à trente ans de prison, transféré au pénitencier de Puerto de Santa Maria, puis à la prison provinciale de Cordoba d’où il était envoyé en camp de travail. S’étant rebellé contre les mauvais traitements, il était interné à la prison de Talavera de la Reina puis, comme “élément dangereux”, était envoyé au pénitencier de Burgos où il restait vingt et un jours au cachot et une année dans la galerie des “éléments dangereux”. Il était ensuite transféré à Carabanchel d’où il allait être envoyé à Cuelgamuros pour travailler à la construction d’une route devant mener à la Vallée des morts. Libéré en 1945, son père était mort en prison et sa mère avait été tuée par les franquistes à Monte Lobo. Il entrait rapidement en contact avec les compagnons et participait à la clandestinité.
Il fit partie du Comité National nommé en mai 1946 dont le secrétaire était Enrique Marco Nadal. Après l’arrestation de ce dernier en mai 1947 il appartenait au CN suivant dont le secrétaire était Antonio Ejarque Pina, puis, après l’arrestation de Ejarque, le 17 août 1947, à celui formé par Manuel Vilar Mingo où, sous le pseudonyme de Extremadura, il représentait la province du Levant.
Lorsqu’en novembre l’ensemble du CN de Manuel Villar Mingo avait été arrêté, Antonio Bruguera avait été le seul à échapper à la rafle. Il assumait alors le poste de secrétaire provisoire et transfèrait le Comité national à Valence où la répression était moins intense.
En janvier 1948 il effectuait une mission d’information en France. A son retour il était remplacé par Antonio Castaños Benavent et devenait le secrétaire aux relations tandis qu’Angel Bosch Añón en était le vice secrétaire. Il était arrêté le 18 juillet 1949 lors de la chute du CN, violemment battu et interné à Ocaña. Traduit devant le conseil de guerre qui se réunit le 24 mars 1950, il était condamné à vingt ans et un jour de prison. En 1951 il était envoyé dans un détachement pénal à Buitrago. Il parvenait à s’évader en avril 1952 puis en juillet à passer en France où il obtenait le statut d’apatride et allait travailler à La Roche sur Yon où il y rencontrait sa future compagne Josette Le Dez. Il continuait de militer en exil à La Roche sur Yon puis à Montmorency (Val-d’Oise). Lié à la tendance dite “collaborationiste” puis à celle regroupée autour du journal Frente Libertario, il a été jusqu’en 1992, secrétaire des Agrupaciónes de la CNT de España en Francia. Il a collaboré dans les années 1980 à la revue de la CGT, Libre Pensamiento.
Antonio Bruguera Pérez est mort le 13 mars 1998 au centre hospitalier de Montmorency et a été enterré au nouveau cimetière de Montmorency le 17.