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Los de la sierra 1936-1975
Dictionnaire des guerilleros et résistants antifranquistes

Le dictionnaire des guérilleros et résistants antifranquistes, tente de répertorier les hommes et femmes de toutes tendances (anarchistes, communistes, socialistes, sans parti) ayant participé pendant près de quarante ans, (1936-1975) souvent au prix de leurs vies ou de longues années de prison et souvent dans une indifférence générale, à la lutte contre la dictature franquiste. Ce travail a été commencé il y a plus de vingt ans par l’historien libertaire Antonio Tellez Sola (1921-2005) en collaboration avec Rolf Dupuy du [*Centre International de Recherches sur l’Anarchisme*] (CIRA).

GIRON BAZAN, Manuel « GIRON »
Né à Salas de Los Barrios (León) en 1910 - tué le 2 mai 1951 - Ouvrier agricole - UGT - Salas de los Barrios (Leon) - Groupe de Manuel GIRÓN BAZÁN “EL GIRÓN” - León & Orense (Galice)
Article mis en ligne le 12 octobre 2008
dernière modification le 22 octobre 2024

par R.D.
Manuel Giron Bazan

Le 20 juillet 1936 Manuel Girón Bazán et son frère José (né en 1908) gagnaient la montagne puis les Asturies où tous deux s’enrolaient dans la Division Recalde (ou Division B, commandée par José Recalde Vela, Brigades 184 et 185). Ils y furent spécialistes de la pénétration en territoire ennemi pour y effectuer de sabotages. Dès octobre 1936 Manuel avait fait l’objet d’un avis de recherche de la part des autorités franquistes de Ponferrada.

Après la chute du front asturien, en octobre 1937, Manuel regagnait après quatorze jours de marche le Leon avec José et plusieurs autres combattants dont Eduardo Pérez Vega Tamairon et l’anarcho syndicaliste Marcelino De La Parra Casas Parra.

A la mi 1939 il recevait les renforts de Victorino Nieto Rodríguez, Leopoldo Nieto Martinez, Gilberto Cuadrado Soto, Manuel Alvarez Martinez El Gaitero et d’autres. Tous s’installaient dans la zone de Casayo, dans la sierra de Eje. Fin 1939 et dans les premiers mois de 1940 il était rejoint par l’important groupe d’asturiens mené par le socialiste Marcelino Fernández Villanueva El Gafas qui, après une tentative infructueuse de passer au Portugal, tentait de regagner les Asturies. C’est à cette époque que Manuel Girón, Marcelino Fernández et Marcelino De La Parra allaient petit à petit organiser militairement les divers groupes de fugitifs de la région. Pour coordonner ce premier organisme de guérilla, était alors formée une “Direction Ambulante” dont étaient responsables Manuel Girón, Marcelino Fernández et Marcelino De La Parra ; c’est cette direction qui allait mettre en contact les divers groupes isolés de la région et organiser un vaste réseau d’agents et d’informations permettant aux guérilleros d’obtenir de précieuses informations sur les mouvements des forces de répression franquistes.

En avril 1942, sur les monts Feradillo, Manuel participait à l’assemblée des 24 responsables guérilleros du Leon, de la Galice et des Asturies où était fondée la Federación de Guerrillas Leon Galicia dirigée par le socialiste Marcelino Fernández Villanueva Gafas avec pour adjoints Marcelino de la Parra Casas (CNT) et les socialistes Mario Morán García et César Rios Rodríguez.

Lors du IVe Congrès de la Federación les 10-12 octobre 1944 sur les monts Casayo, la Federación était réorganisée en deux Agrupaciónes : Manuel Girón était alors nommé avec Abel Pares comme lieutenant de César Rios, commandant de la 1° Agrupación qui avait pour zone d’action la province de Leon. La 1° Agrupación était formée de quatre groupes commandés respectivement par Abelardo Macias Liebre et Victorino Nieto Rodríguez (1er groupe), Edelmiro Alonso Garcia et Manuel Gutierrez Abella (2e groupe) Miguel Cueña O Artillero et Hilario Alvarez Mendez (3è groupe) et Evaristo Gonzalez Perez O Rocesvintes et Enrique Oviedo Blanco O Chaspa (4e groupe). C’est le premier groupe commandé par Manuel Girón qui le 8 mars 1945 attaquait un inspecteur des impôts sur les monts de Castrillo de Cabrera et s’emparait de 25.000 pesetas. Au cours de l’affrontement avaient été tués deux gardes civils et blessés l’inspecteur des impôts et un des somatenistes qui l’accompagnaient.

En juin 1945 les guérilleros du premier groupe étaient surpris à Columbrianos par la Guardia civil : ils y perdaient trois hommes et d’importants documents qui permettront à la police de démanteler une partie du réseau, appelé “milice passive” : plus de 500 collaborateurs de la guérilla qui seront arrêtés dans la région.

Lors du congrès dit de “réunification” qui se tint en juillet 1946 sur les monts de Casayo, la Federación donnait son adhèsion à l’ANFD (Aliance Nationale des Forces Démocratiques) et avalisait en fait la rupture avec les communistes : la majorité des guérilleros communistes quittaient alors le Leon et se regroupaient dans la province d’Orense.

En 1947 le groupe de Manuel Girón se trouvait dans la zone de Cabrera et aux limites de la Maragateria ; il était alors formé entre autres par Enrique Orozco, Enrique Oviedo Blanco, Miguel Cardeña Lozano, Ceferino Rodríguez Arias, Adolfo Canton Moreno et Florencio Pérez El Andaluz. C’est à ce groupe que se joignirent Francisco Martinez López El Quico et Enrique Yañez Alvarez El Chaval. Puis le groupe s’incorporait officiellement à l’Ejercito Guerrillero de Galicia-Leon, de tendance communiste. Il avait alors pour commissaire Francisco Martinez López et était formé entre autres de Enrique Yañez, Silverio Yebra, Manuel Zapico Terente El Asturiano et Pedro Juan Menendez El Jalisco. Le groupe était intégré à la IIe Agrupación de l’Ejercito avec pour base la zone de Cabrera. C’est avec ce groupe d’hommes que Manuel Girón allait continuer la lutte pendant plus de deux ans.

En 1948, lorsque la direction du PSOE en exil avait décidé l’évacuation de la guérilla vers la France, Manuel Giron, partisan de la poursuite de la lutte armée contre le régime, avait décidé de rester dans la montagne.

Dans la nuit du 24 au 25 février 1949, le groupe était accroché par la Guardia Civil. Dans l’échange de coups de feu était blessé Francisco Martinez Lopez et étaient tués Enrique Orozco et Alfonso Rodriguez Lopez. Tous les autres guérilleros parvenaient à s’enfuir, mais on croira longtemps que Manuel Girón avait été tué au cours de cet affrontement : sa sœur Emilia Giron, qui était régulièrement arrêtée et torturée, avait identifié volontairement l’un des guérilleros tués comme étant son frère.

Le 17 juillet 1950, à Chana de Somoza, le groupe attaquait le domicile de Pablo Martin Arce et s’emparait de 16.000 pesetas. Pris en chasse par la Guardia Civil, le groupe était encerclé près du village de Corporales et devait mener un combat de plus de dix heures pour pouvoir s’échapper sans pertes.

Le 27 février 1951 avec trois guérilleros Manuel Girón était encerclé par d’importantes forces de répression à Corporales, La Cabrera. Au bout de quatorze heures et après qu’aient été tués les gardes Agustin Puente Martinez et Manuel Combarros García, Manuel parvenait à s’échapper avec Silveiro Yebra Granja O Atravesao, Francisco Martinez Lopez El Quico et Juan Pedro Menendez Jalisco. En représailles la Guardia Civil exécutait plusieurs habitants de Corporales dont les jeunes Mariano et Marcelino.

Manuel Giron Bazan a été assassiné le 2 mai 1951, à Molinaseca où il s’était rendu avec sa compagne dans l’intention de partir à l’étranger, par José Rodríguez Cañueto un agent de liaison infiltré et payé 74.000 pesetas par la Guardia Civil. Alida González Arias, compagne de Girón, témoin de l’assassinat, sera livrée par l’assassin à la Guardia Civil de Ponferrada. Jugée par un conseil de guerre, elle passera un an symbolique en prison.

Pour masquer la traîtrise, la Guardia Civil était allée aux mines de Bolboras où travaillait Elias Alvarez Carrera. Elle arrêtait ce dernier, l’amenait devant le cadavre de Manuel Girón, l’égorgeait et le défigurait en faisant exploser une grenade près de sa tête, pour faire croire à un règlement de compte entre les deux guérilleros.

Manuel Girón qui n’avait pas de formation culturelle - il apprendra à lire et à écrire dans la guérilla - avait un grand ascendant sur ses hommes et s’était toujours montré partisan de la plus étroite unité d’action sans tenir compte des positions partidaires. Homme d’action, d’une solidarité à toute épreuve et d’un humanisme certain, il jouissait d’une admiration unanime de la part des guérilleros comme des agents de liaison de la région.

Le 7 février 1997, vingt ans après sa mort, Alfonso Yáñez receuillait ses restes lors de la destruction de la fosse commune du cimetière et en avril 1997 les restes étaient inhumés au cimetière de Ponferrada.


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