Jeune poète prometteur mais étouffant dans l’atmosphère franquiste des années 1950, Manuel Moreno Barranco avait émigré à Paris où, après avoir dû travailler sur des chantiers, il avait trouvé un emploi dans une banque qui lui avait permis de continuer à écrire des nouvelles, des poèmes et des essais. Il collabora à cette époque au supplément littéraire de Solidaridad Obrera de la CNT et à l’organe des Jeunesses libertaires Ruta. Sympathisant des idées libertaires, il n’était membre d’aucune organisation et était avant tout, comme l’écrivait un de ses amis, un “amoureux de la liberté et de la justice sociale”. Rentré en Espagne, il fut arête pour avoir écrit un texte pour un groupe artistique de Jerez, avoir fait la lectures de textes issus de España encadenada et de la Segunda declaracion de La Havana et l’apparition sur les murs de la ville de diverses inscriptions antifranquistes. Début 1963 il fut assassiné à la prison de Jerez par les gardiens qui l’avaient jeté du haut de la 3e galerie. Les autorités prétendirent qu’il s’était “suicidé”, mais quelques jours avant, un gardien lui avait dit “Toi, même Dieu ne te sauvera pas !”.
Dans une dernière lettre écrite en prison le 15 janvier 1963, il faisait part de son intention de s’engager d’avantage dans la lutte et la solidarité : “Je crois, pour la première fois de ma vie, qu’est venu le moment d’abandonner cette attitude passive, contemplative, que j’ai suivi jusqu’à aujourd’hui”.
Oeuvre : - Arcadia feliz (Ed. Nuevas generaciones, Mexico).