Valerio Chiné Bagué avait suivi au début des années 1930 les cours du soir donnés par l’instituteur rationaliste José Alberola au local de la Société culturelle Aurora qui servait d’athénée libertaire et était adhérente à la CNT de Fraga. Il ne tarda pas à adhérer à la CNT et à participer activement à la formation des Jeunesses libertaires (FIJL) de Fraga.
Lors du coup d’État franquiste de juillet 1936, il s’intégra sur le front d’Aragon à une centurie de la Colonne Durruti. Puis il fut transféré à Madrid où il participa à l’automne 1936 aux durs combats des secteurs de la cité universitaire et de l’hôpital Clinico. Opposé à la militarisation des milices, il quitta alors la Colonne et regagna Fraga où il fut nommé délégué de la Coopérative de consommation de la Collectivité.
Lors de la mobilisation de sa classe, et pour éviter de se retrouver dans une unité communiste, il s’intégra volontairement à la 127e Brigade Mixte, ancienne Colonne Roja y Negra, dont l’Etat major se trouvait près de Fraga. Il y combattit sur divers fronts jusqu’à la fin de la guerre où de Madrid il gagna Valence puis Alicante dans l’espoir d’y embarquer et où il fut fait prisonnier comme des milliers d’autres soldats républicains. Interné au camp d’Albatera, puis à Porta Coeli, au camp de Miranda de Ebro et à Renteria, il fut renvoyé à Fraga où il fut condamné à 7 mois de travaux forcés et envoyé au camp d’aviation de Las Bardenas (Saragosse).
Après sa libération en 1940, il commença à travailler dans les mines de charbon de la zone de La Granja d’Escarp (Lleida) et de Mequinenza (Saragosse) où il participa à la réorganisation de la CNT clandestine. En 1946 il fut arrêté avec plusieurs mineurs et près de 250 compagnons de la province de Lleida et fut condamné à une lourde peine. Libéré conditionnel au bout d’une année à la prison de Lleida, il allait rester pendant 11 ans sous le statut de la « liberté conditionnelle surveillée », période pendant laquelle il continua jusqu’à la mort de Franco à défendre comme il put les droits des travailleurs.
Après la mort du dictateur il participa à la reconstruction de la CNT –il fut le signataire en 1977 de la légalisation du syndicat à Fraga - et dans les dernières années de sa vie à la formation du Centre d’études libertaires José Alberola de Fraga.
Valero Chiné Bagué, qui avait participé à plusieurs documentaires – dont Ni peones, ni patrones (Kontrasfilm, Amsterdam) et Vivir la utopia (Arte) – est décédé le 12 juillet 2007.