
José Torremocha Arias, fils du militant libertaire Pedro Torremocha Avila, avait adhéré à la CNT dès l’âge de 12 ans. A son retour du service militaire au Maroc, il avait contribué à ce que l’ensemble de l’UGT de Las Navas adhère à la CNT. Sa participation aux luttes paysannes lui valut d’être à plusieurs reprises emprisonné, notamment en 1932 à Séville, et de figurer sur les listes noires patronales.
Après avoir participé à la résistance au coup d’État franquiste de juillet 1936 à Las Navas où, en tant que membre du Comité révolutionnaire, il s’opposa à toutes représailles contre les familles de droite, il avait gagné Madrid avec sa famille en septembre lors de l’avancée des troupes franquistes. Il y participa à la défense de la capitale comme responsable d’une centurie puis comme lieutenant des milices populaires (février 1937). Il participa ensuite au front d’Aragon (Teruel-Guadlajara) puis d’Estremadure comme commandant du Bataillon Orobon.
A la fin de la guerre, après avoir déjoué un complot et destitué à Cuenca tous les responsables communistes de sa brigade, il se mit au service de Cirpiano Mera et du colonel Casado. Fait prisonnier après avoir tenté vainement de quitter Madrid, il fut condamné à mort avant que la peine soit commuée en longue détention. Entre 1939 et 1962 il allait passer en tout 19 années dans diverses prisons (El Dueso, Puerto de Santa Maria, San Miguel de los Reyes, Guadalajara, Barcelone, etc), où il profita de chaque libération conditionnelle pour participer à la CNT clandestine.
En 1942 il était parvenu à s’évader de la prison d’Alcala de Henares et avait gagné Barcelone. Puis sur le point d’être découvert, vers 1945 il avait gagné la zone de Rocafiguera dans les Pyrénées où il travailla comme ouvrier forestier et aida les guérilleros de la région. Tombé malade, il regagna Barcelone où il intégra le Comité régional CNT de Generoso Grau et la rédaction clandestine de Solidaridad Obrera. Arrêté en 1948, il fut emprisonné 9 mois.
Au début des années 1950 il était en liberté provisoire et il fut l’un des animateurs de la grève et du boycott des transports en 1951 à Barcelone. Devenu machiniste à la société de production cinématographique Ignacio Ferrer y Quiros, il militait au syndicat CNT clandestin des spectacles de Barcelone qu’il avait contribué à réorganiser.
Arrêté à Barcelone à l’automne 1952, il fut condamné à dix ans de prison le 5 février 1954 lors d’un conseil de guerre tenu à Madrid contre 19 militants de la CNT et membres du Comité National de Cipriano Damiano, dont son père. En avril 1953 il avait été condamné à une peine de douze ans de prison lors d’un conseil de guerre tenu à Séville. En 1958 il était à la prison de Guadalajara. Pendant son emprisonnement il refusa les offres de libération sous condition d’adhérer au syndicat vertical franquiste.

Remis en liberté conditionnelle au début des années 1960, il s’intégrait aussitôt au Comité régional catalan dont étaient également membres Gines Camarasa Garcia et Ladislao Garcia Velasco. Echappant de peu à l’arrestation ayant suivi le démantèlement à l’automne 1961 du Comité national d’Ismael Rodriguez Ajax, il passait en France où il fut membre du comité régional catalan de tendance dite “collaborationiste” de la CNT ; il participa en mai 1961 à une réunion avec un délégué du Secrétariat Intercontinental de l’exil en vue d’une éventuelle réunification. En 1963 il faisait partie de la Commission nommée au congrès de la CNT et chargée d’enquêter sur les activités du Conseil Général du Mouvement Libertaire Espagnol formé en 1939. En 1965 il avait été l’un des délégués de l’intérieur (ou de la FL de Macau en Gironde ?) au congrès de la CNT à Montpellier. Entré en conflit avec la direction de la CNT en exil (F. Montseny, G. Esgleas), il fut exclu de la CNT de Bordeaux en 1966 et adhéra par la suite au courant qui édita le journal Frente libertario. Il participa à la plupart des assemblées et plenums tenus par cette tendance et notamment à la conférence de Narbonne (1973).
Après la mort de Franco, il rentra en Espagne en 1976 et participa à la reconstruction de la CNT, milita au syndicat des spectacles et en 1978 était délégué au Comité National. En 1979 il fut membre de la tendance dite rénovée qui donna naissance à la CGT espagnole à laquelle il adhéra.
José Torremocha Arias, qui avait collaboré à plusieurs titres de la presse libertaire dont « Ruta » (Caracas, 1967) et avait entretenu, entre 1964 et 1985, une importante correspondance avec José Peirats, est décédé à Barcelone le 8 juin 2005 et a fait don de son corps à la science.