Né dans une famille nombreuse et pauvre, orphelin dès l’âge de 6 ans et sans avoir pu fréquenter l’école, Luciano Suero Serano avait commencé très jeune à travailler comme berger, puis à partir de 1925 comme mineur. A cette époque, la CNT étant illégale, il milita de façon critique à l’UGT.

Licencié de la mine vers 1930, il fut nommé secrétaire du syndicat des mineurs CNT lors de sa constitution en 1931. Après une année de service militaire au Maroc, et après un passage à Séville où il avait rencontré les militants anarchistes Sanchez Rosa et les frères Arcas, il regagna son village où il exerça divers travaux pour subvenir (coiffeur, ouvrier agricole) et en 1934 devint contrebandier de café à la frontière portugaise. Suite à la révolution d’octobre 1934, il fut obligé de passer au Portugal avec le compagnon Jesus Vazquez. Arrêté à Selpa (Portugal), il fut remis à la Guardia Civil, emprisonné à Huelva et condamné à 6 ans de prison. Amnistié en février 1936, il retourna à Cerro où il fut nommé secrétaire du syndicat CNT des mineurs avec comme vice-secrétaire Jesus Vazquez.

Lors du coup d’État franquiste de juillet 1936, il fut nommé secrétaire du Comité de défense local où il évita la répression contre les gens de droite et les cléricaux. A l’arrivée des franquistes le 25 septembre 1936, il parvint à quitter Cerro, où deux de ses frères seront fusillés, et gagna à pieds la zone de Malconinado et Peñarroya Puis il avait accompagné Isabbelo Romero à Madrid pour obtenir des armes. Il s’enrôla alors dans la colonne España Libre où lors de la militarisation il refusa d’être nommé lieutenant de milices. Fin 1936 il fut appelé par le Comité régional des paysans pour s’occuper de la collectivité agricole de Daimiel (Ciudad Real), poste qu’il exerça jusqu’en juin 1938 où il fut envoyé s’occuper de la collectivité de Torreperogil (Jaén).

Arrêté par les franquistes en mars 1939, il fut interné dans les camps de concentration de Puerto Real et Rota, envoyé dans les bataillons de travailleurs forcés de Los Barrios (décembre 1940) et Belchite, puis emprisonné au Terrero, Yeserias et Huelva où en octobre 1941 il fut condamné à mort. En janvier 1942 la peine était commuée en 15 années de détention. Il fit alors partie du Comité CNT-UGT de la prison avec les cénétistes Antonio Molina Vazquez, Francisco Lopez Real et Manuel Alvarez. En 1944 il était à la prison de Santa Rita dont il fut remis en liberté provisoir en avril et assigné à résidence à Madrid. Cette assignation ne sera levée qu’en 1972.

Œuvre : - Memorias de un campesino andaluz (Ed. Queimada, 1982).