Né dans une famille pauvre et plus jeune de 5 enfants dont le père était mort quand il avait à peine un an, Basilio Serrano Valerto avait commencé à travailler très tôt comme berger et aussi barbier. Basilio Serrano Valero Manco de La Pesquera dutit son surnom au fait d’avoir perdu quelques doigts de la main gauche lors de l’explosion d’un bâton de dynamite lors de fêtes villageoises. Il avait été, lors de la proclamation de la République, le fondateur de la CNT à La Pesquera (Cuenca) où il s’était marié en avril 1933 avec Rufina Monteagudo Ponce. Pendant la guerre civil il s’opposa aux exécutions de gens de droite et du curé et fut soldat dans l’armée républicaine. Il revint sans doute dans sa région après guerre et vécut pendant 7 ans de divers travaux agricoles ou forestiers dans les villages de la zone.
En 1945 il aurait été selon certaines sources responsable d’un groupe indépendant actif sur les districts de Cañizares, El Tobar, Beteta et Masegosa au nord de Priego. Selon d’autres sources plus vraisemblables il s’intégra à la guérilla en février 1946 après avoir rencontré par hasard Emilio Cardona Lopez Jalisco, Atilano Quintero Morales Tomas et Fulgencio Gimenez Silvent Rodolfo, trois guérilleros qui avaient été envoyés de France par le Parti communiste et avec lesquels il allait former l’un des premiers groupes de la zone de Requena.
Il ne participa pas en août 1946, comme cela est souvent rapporté par les sources, à la réunion de guérilleros dans les grottes du Regajo, district de Camarena de la sierra (Teruel), où fut constituée l’Agrupación Guerrillera de Levante (AGL), organisés les secteurs et rédigés les statuts de l’Agrupación. Bien que ne jouissant pas de la sympathie des responsables communistes, il fut nommé chef d’un des trois bataillons constituant le 5° secteur commandé par Atilano Quintero Morales Tomas et dont la zone d’action était la partie de la province de Cuenca limitrophe à celle de Teruel. En octobre 1946, après avoir tenté vainement de constituer un groupe anarchiste au sein du secteur, il demanda son intégration au Parti communiste.
Début 1947, après l’arrestation de Tomas, remplacé par Antonio Gil Fernández Medina, le 5° secteur ne comprenait plus que deux bataillons commandés respectivement par Manco de La Pesquera et par Pedro Merchán Vergara Paisano.
Début 1948 le 5° secteur comptant une cinquantaine d’hommes reconstituait ses trois bataillons et celui du Manco de La Pesquera se voyait assigné comme zone le sud de la province de Cuenca et celle de Valence. Le 21 janvier il aurait organisé une attaque à Puebla de Salvador, puis deux jours après une autre sur le district de Santa Cruz de Moya. En mars il réapparaissait au nord de Motilla del Palancar, puis réalisait un enlèvement sur la route de Cuenca qui lui rapportait 200.000 pesetas. Le 11 mars c’est son groupe qui aurait exécuté José Ballesteros Cañas et Gonzalo Lain Alvaro. Le 2 avril, à Molino del Obispo, district de Monteagudo de las Salinas, le groupe exécutait Sinesio Chumillas Chumillas sur le corps duquel les guérilleros laissaient des tracts signés de la 10° Brigade du 5° secteur et l’accusant de dénonciation de guérilleros. Lle 22 avril, le groupe tendait une embuscade à Las Persillas, district de Almodovar del Pinar, et abattait le caporal chef de la Guardia Civil Gonzalo Valderrama Gabaldón, le garde Heliodoro Martínez Panadero et le paysan Fernando Alarcon qui les accompagnait et sur la charrette duquel seront laissés des tracvts et un drapeau républicain.
Membre du groupe de Pedro Merchan Vergara Paisano, Basilio Serrano assurait également à cette époque les liaisons entre les diverses unités et l’Etat major de l’AGL.
Le 2 juillet 1948, Basilio Serrano Valero Manco de La Pesquera, fut accusé sans preuves de l’exécution de Celso Fernández Antón, le maire de Santa Cruz de Moya ; cette éxécution n’a jamais été éclaircie, mais selon le témoignage d’ habitants de la région elle aurait été le fait de membres d’un groupe antiguérilla.
Après la réorganisation en août 1948 de l’AGLA, il devint le secrétaire général du Comité de Groupe de Cuenca (9 hommes). Le 11 novembre il enlevait sur le district de Enguidanos (Cuenca), un jeune madrilène pour la libération duquel il demandera une rançon de 50 000 pesetas ; il libèrera le jeune homme sans avoir pu toucher la rançon après que la Guardia Civil de Cardenete ait été informée de la demande de rançon.
Le 7 juin 1949 il aurait réalisé l’enlèvement d’un habitant de Motilla del Palancar qui lui rapporta 30 000 pesetas ; le 13 il s’infiltrait à Valverde de Júcar où un nouvel enlèvement lui rapportait 20 000 douros. Le 30 août, sur le district de Requena, il abattait lors d’une embuscade Salvador Belmonte Llorente, sergent comandant le poste de la Guardia Civil de Requena.
En janvier 1950 il réalisait un enlèvement à Cañada Tochosa, près d’Utiel, qui lui rapportait 200.000 pesetas. En novembre 1950 il était reconduit dans ses fonctions de secrétaire du Comité de Cuenca et du Comité Régional du Levant. Le 26 mars 1951 un enlèvement à Motilla del Palancar lui rapportait 50 000 pesetas. Début avril Manco de La Pesquera aurait exécuté le guérillero Prudencio Yuste Rives Pedro qui s’apprêtait à se rendre.
Le 9 mai la Guardia Civil le surprenait dans la Sierra Bermeja, mais il parvenait à s’enfuir après avoir perdu plusieurs hommes dont Heliodoro Sánchez Huertas Asturias, Francisco Martínez Leal Cristobal, Casimiro, Daniel Rabadan Herraiz Antonio. Resté seul avec trois hommes Manco de La Pesquera aurait commis encore quelques attaques pendant l’hiver 1951 sur les districts de Garaballa, La Pesquera et Minglanilla puis s’était réfugié dans la province de Valence pour y préparer son passage en France. Le 15 mars 1952 il fut surpris avec ses trois compagnons à Escaleruelas par le Guardia Civil Andrés Moreno Cumplido que les guérilleros abattirent. Pris en chasse les guérilleros parvinrent épuisés sur les districts de Los Pedrones et Cortes de Pallás. Le 23 avril 1952 le groupe fut repéré à la Loma Alta del Pinoval. Le 27, après un bref échange de coups de feu, un guérillero, Juan Badia Emilio, était tué et Basilio Serrano Valero Manco de La Pesquera, blessé à une jambe, était capturé.
Selon le général de la Guardia Civil Alvaro Casado, à l’époque lieutenant et auteur de la capture, les faits se seraient déroulés comme suit : après la capture de deux guérilleros qui tentaient de passer en France et qui avaient été aidés à Valence par Basilio Serrano Valero, le lieutenant Casado les avait fait reconstituer leur itinéraire de fuite. Après huit jours de marche, Casado à la tête de quinze hommes avait surpris les guérilleros entre les municipalités de Buñol et de Cofrentes (Valence). Blessé Serrano, mis en joue par le lieutenant, n’avait pas eu le temps de jeter la grenade qu’il avait dans les mains et avait été capturé. Selon Casado il aurait ensuite, dans l’espoir d’avoir la vie sauve, collaboré avec la Guardia Civil et aurait facilité la localisation de campements guérilleros et la capture de ses derniers hommes.
Accusé par les autorités de « 35 assassinats », Basilio Serrano Valero Manco de La Pesquera a été traduit devant un conseil de guerre et condamné à mort. Il a été fusillé le 10 décembre 1955 à Paterna (Valence).
Le 9 décembre 2005, à l’initiative de l’Association pour la récupération de la mémoire historique, de l’association La Gavilla Verde et du groupe socialiste de La Pesquera, les ossements de Basilio Serrano Valero, inhumés dans la niche n°475 du cimetière de Patena, furent remis à la famille pour être inhumés au cimetière de La Pesquera.