Elève ches les dominicains de Calanda (Teruel) puis étudiant en philosophie à Valence, Ramón Rufat Llop avait adhéré aux jeunesses libertaires (FIJL) au début de l’année 1936. Dès le début du soulèvement militaire il partit comme volontaire dans la colonne Ascaso, mais très vite abandonna les milices pour s’intégrer en octobre aux services de renseignement puis, dès sa création en décembre 1937 au SIEP, les services spéciaux chargés d’effectuer opérations de renseignement et de sabotage en territoire ennemi. Ramón Rufat réalisera plus de cinquante de ces opérations.
Fait prisonnier le 18 décembre 1938, il fut interné au camp de concentration de Santa Eulalia (Teruel), puis traduit devant un conseil de guerre le 4 mars 1939 où il fut condamné à 2 peines de mort pour « espionnage » et « perversité », peines ensuite commuées en détention perpétuelle le 25 septembre 1940. Au cours de son emprisonnement il fut l’objet de deux simulacres d’exécution. Le 10 août 1944, il parvenait à sortir de prison grâce à un faux ordre de libération et s’intégrait immédiatement à la lutte clandestine.
En juillet 1945 il était nommé vice secrétaire du Comité National de la CNT aux cotés de César Broto Villegas, Mariano Trapero Pozas, Ramon Remacha Muñoz, Francisco Bajo Bueno et Antonio Barranco Hanglin. Il était également chargé des sections organisation, presse et propagande. Après l’arrestation du secrétaire du CN, Sigfrido Catalá Tineo en mars, il assura provisoirement le secrétariat jusqu’à la nomination de José Expósito Leiva à la tête du nouveau CN qui comprenait alors Antonio Barranco Hanglin, José Piñeiro Zambrano, Manuel Fernández, Manuel Vivario, González Atienza et Manuel Trapero Pozas.
Arrêté le 6 octobre 1945 avec d’autres membres du CN, Ramon Rufat fut traduit le 21 mars 1947 devant un conseil de guerre à Alcala de Hénarés et condamné à vingt ans de prison. Il fut emprisonné tour à tour à Yeserias, Alcala de Henares, Ocaña et à partir de 1947 au Dueso.
Remis en liberté conditionnelle le 27 septembre 1958, il alla à Barcelone où il épousa sa compagne Francisca Perello puis passa clandestinement en France et s’installa à Paris jusqu’en 1976 où il retourna en Espagne.
En France il travailla dans le bâtiment, la chimie et à l’office des réfugiés politiques tout en poursuivant des études de philologie et d’histoire. En 1966 il participa aux hommages rendus à A. Camus et à Kant.
Ramon Rufat Llop, qui était depuis 1986 membre de la rédaction de la revue Polemica (Barcelone), est mort à Vilanova y Geltru (Lérida), le 3 novembre 1993.
Oeuvre : - En las prisiones de España (Mexico, 1966). -Espions de la république : mémoires d’un agent secret pendant la guerre d’Espagne (Ed.Allia, Paris 1990, 356 p.) – Collabor. à « La oposicion libertaria al regimen de Franco » (Madrid, 1993). Il fut également l’un des scénaristes et intervenant du film Larga noche de Francisco Periñan.