C’est à l’âge de 16 ans que Juan Pujadas Carola avait adhéré à la CNT puis à la Fédération anarchiste Ibérique (FAI). Lors de la révolution d’octobre 1934 aux Asturies, il fut condamné à plusieurs mois de prison pour « incitation à la grève ». Milicien dès le début de la guerre civile, il fut ensuite commissaire d’une brigade et participa notamment aux combats du front de Belchite.
Le 27 mars 1939, après avoir reçu l’ordre de gagner le port d’Alicante pour y embarquer pour l’Afrique du nord, il fut fait prisonnier avec des milliers d’autres combattants républicains et interné au camp d’Albatera. Le 17 avril il obtenait un sauf-conduit pour aller à Girone pour y être jugé comme simple soldat républicain. Il en profitait alors pour passer en France le 2 juin et était interné au camp de Saint-Cyprien. A la fin du mois d’août il était affecté à un poste d’opérateur de cinéma à Morteau (Doubs) puis était embauché par la Manufacture Marius Anguenot qui fabriquait des pièces pour l’aviation militaire. En mai 1940, lors de l’avance allemande, l’entreprise recevait l’ordre de se replier à Aubenas (Ardèche) où Juan Pujadas arrivait le 17 juin 1940 peu avant la signature de l’armistice. Il se fit alors embaucher comme ouvrier affecté à la fabrication de charbon et put trouver une résidence sur place.
Dès l’été 1941 il fit partie d’un des tous premiers réseaux de résistance, le réseau Cochet dirigé en Ardèche par le général Calloud. Il organisait alors avec les espagnols du 160e Groupement de Travailleurs Etrangers un groupe de résistance qui entrait en contact avec les mouvements Combat et Libération lors de leur implantation en Ardèche. Après les réquisitions de main d’œuvre et la loi du 16 février 1943 créant le Service du Travail Obligatoire (STO) la formation de maquis où les espagnols allaient être nombreux, allait s’amplifier. De plus la création en février 1943 de l’Armée secrète (AS), branche armée des Mouvements Unis de la Résistance (MUR) allaient permettre l’intégration de ces espagnols dans des unités mixtes franco-espagnoles.
Juan Pujadas Max (et Jean Espagnol) fut alors nommé adjoint de Michel Bancilhon Commandant Bernard le responsable de l’AS pour la région d’Aubenas (Secteur D). Puis courant 1944 il fut nommé chef du Service atterrissage et parachutage (SAP) en Basse Ardèche et placé directement sous les ordres d’André Charlot Commandant Roche qui depuis Lyon dirigeait ce service. Dès le 5 juin 1944, les maquis de l’Ardèche avaient reçu l’ordre d’attaquer l’ennemi et Juan Pujadas, chef du service armement et responsable de l’ensemble des dépôts de Basse Ardèche, multiplia ses activités, approvisionnant en matériel les maquis, harmonisant les différents types d’armes et de munitions et poursuivant un incessant travail d’instruction militaire des jeunes maquisards. La 19e Brigade de guérilleros espagnols devenait alors une unité autonome basée à la Chaberterie, une ferme isolée près du village de Ailhon à quelques kilomètres d’Aubenas. Jusqu’à la mi juin Juan Pujadas fut le responsable de la 19e Brigade avec comme adjoint Ramon Santacreu Castells, puis ne pouvant mener de front sa double fonction de commandant de Brigade et d’ajoint de Michel Bancilhon, il fut remplacé à la tête de la Brigade par Gregorio Izquierdo qui venait de La Grand Combe (Gard).
Fin août 1944 Juan Pujadas prenait le soin de constituer un dépôt d’armes chez un agriculteur de Vinezac, dépot destiné à armer les guérilleros en Espagne et qui sera découvert en octobre 1945 par la police, entraînant l’inculpation de J. Pujadas qui bénéficiera finalement en août 1947 d’une amnistie en tant qu’ancien Résistant.
A la mi septembre 1944, après que l’Ardèche ait été totalement libérée, l’Agrupación de Guerrilleros Españoles (AGE) fut réorganisée et Juan Pujadas fut nommé commandant de la 21e Brigade de la 204e Division, formée de 150 hommes, essentiellement anarchistes et socialistes qui en octobre allait pénétrer dans la province de Huesca. Puis, à la suite des tensions entre communistes et anarchistes, il fut relevé de son commandement et fut chargé d’organiser un groupe de sabotage en vue des opérations d’invasion du Val d’Aran dans le cadre de Reconquista de España. Son groupe fut chargé de détruire un pont près de la Seu d’Urgell, mais, lors de l’opération, le pont étant gardé par un fort contingent de troupes franquistes, Juan Pujadas décidera de rebrousser chemin et de rentrer en France.
En novembre 1944 il fut rappelé par le Commandant Roche pour réorganiser en Ardèche des équipes d’anti-parachutage.
Après la dissolution de son unité fin mars 1945, Juan Pujadas Carola cessa toute activité militaire, retourna à la vie civile à Aubenas où il se maria avant la fin de l’année avec Germaine Roland, fille d’un cafetier d’Aubenas, dont il avait fait la connaissance dans la Résistance.
Juan Pujadas Carola est décédé à Aubenas le 26 décembre 1990.
Oeuvres : - “Datos para la historia de Blanés” (article de J. Pujadas in Els Piteus, Blanés, n°27-28, juillet-aiût 1984).