Fils de boulanger et ouvrier boulanger lui-même, Mauro Bajatierra Moran avait commencé à militer très tôt dans les milieux anarchistes de la capitale. Adhérent à l’UGT socialiste comme la quasi unanimité de la profession, il faisait l’admiration des ouvriers des Arts blancs (comme s’appelaient joliemment les adhérents du syndicat des boulangers) pour le soutient indéfectible qu’il leur apportait lors des grèves bien qu’il ait été propriétaire de sa boulangerie. Il militait activement au Centre fédéral de la rue Aguilera, souvent aux cotés de Pedro Vallina dont il était l’ami. Il était sans doute franc maçon et au cours de sa vie a été de nombreuses fois emprisonné (jusqu’à quinze années en tout).
Le 31 mai 1915 il participait comme délégué de la Fédération des manœuvres et cantonniers au congrès contre la guerre tenu au Ferrol. Il avait également représenté cette Fédération lors du 4e Congrès de la Fédération Nationale Agricole (FNA) à Villanueva y Geltru le 21 novembre 1916. Pendant toute cette période il a participé à de nombreux meetings et conférences dans toute la péninsule et en particulier en Andalousie (Montojo, Bujalance, Cordoba, Séville). En 1916 il participait avec Eusebio Carbo au congrès de l’UGT dans l’espoir de la signature d’un pacte d’unité avec la CNT.
Membre du groupe anarchiste Los Iguales, dont faisaient également partie Moises López, Feliciano Benito et Pedro Merino, il participait en 1918 à la Campagne nationale de propagande du Comité national de la CNT en Aragon, Centre, Nord, Galice et nord-ouest. Après avoir participé aux travaux d’organisation, il assistait comme délégué de Castille au Congrès de la CNT de décembre 1919 (dit Congrès de la Comedia) où il était l’un des signataires de la déclaration de principes adoptant le communisme anarchiste comme but. Il était à la même époque l’un des fondateurs de l’Ateneo de la rue Pizarro où il formera de nombreux militants jusqu’à la fermeture de l’Ateneo et son emprisonnement en 1920.
En février 1921, il était contacté par Pedro Mateu Cusido venu à Madrid pour attenter à la vie du premier ministre Eduardo Dato. Il avait été chargé de fournir les armes au commando et sera un temps emprisonné après l’attentat.
En 1922 il était le secrétaire du Comité territorial clandestin de la CNT de Rioja, Aragon et Navarre à Saragosse. En juin, sous la fausse identité de Juan Beranza il parvenait à louer une salle au gouverneur de Saragosse ; c’est là que le 11 juin se tenait un plenum clandestin de la CNT où était décidée la séparation d’avec la IIIe Internationale et l’adhésion à l’AIT qui venait d’être créée. C’est aussi à ce plenum qu’a été adoptée une motion rompant avec l’apolitisme traditionnel de la CNT.
On ne sait pas grand chose des années qui ont suivies, sinon qu’il a continué de militer et de participer à de nombreux meetings en Andalousie (Seville vers 1922-23), aux Asturies (Aviles, 1923), Castro del Rio (1930) tout en participant à de nombreux titres de la presse libertaire.
Pendant la guerre civile Mauro Bajatierra a été correspondant de guerre sur le front et directeur de l’organe Frente Libertario (distribué gratuitement à 40.000 exemplaires). Après la chute de Madrid aux mains des franquistes, il refusera de partir et s’enfermera chez lui où lors du défilé de la victoire le 28 mars 1939 il tirera sur les troupes franquistes et aurait été alors tué.
Selon d’autres sources il aurait été arrêté après avoir tiré, jugé sommairement et fusillé le 2 avril 1939.
Sa compagne Julia Agudo est décédée à Madrid le 4 décembre 1969.
Maujo Bajatierra Morán a colaboré à de nombreux titres de la presse anarchiste dont Accion Libertaria (Madrid, 1913), Acracia (Reus), Cultura y Accion (Saragosse, 1931), Despertad (1909), Humanidad (1907), El Libertario (Madrid, 1909-10 quand il était en prison), Redencion (1921-23), La revista Blanca, Ruta Confederal (Algéciras, 1937-38), Solidaridad obrera (Bilbao, 1922), El Trabajo (Manresa), Umbral (Barcelone-Valence, 1937-39).
Œuvres : -La alegria del barrio (Barcelone, 1929) – El alma de la campiña : cronica de guerra (Valence, 1937) – Los ateneos libertarios : su orientacion, su moral, su tactica revolucionaria : demostracion de como se enseña a nuestros camaradas en la vida de los centros libertarios (Madrid, s. d., plusieurs éd.) – Canciones anarquistas (Madrid, s.d.) – Comentarios al II congreso de la Confederación Nacional del Trabajo (Pueblo Nuevo, 1920) – Como las aguilas (Barcelone, 1927) – Como deben resolver los campesinos el problema de la tierra (Logroño, 1931) – Contra el capitalismo y contra el estado (Madrid, s. d.) – Cronicas del frente de Madrid (Barcelone, 1937) – Del Madrid de mis amores (Barcelone, 1928) - Desde las barricadas : una semana de revolucion en España, las jornadas de Madrid en agosto de 1917 (Tortosa, 1918) – Un ensayo revolucionario : fuera de la ley (Barcelone, 1929) – La guerra en las trincheras de Madrid (Barcelone, 1937 ?) – Hacia otra vida (Barcelone, 1930) – El hombre que perdio el alma blanca (Barcelone, 1929) – La justicia de los montañeses (Barcelone, 1930) – El pitu de Peñarudes (Barcelone, 1927) – Quien mato a Dato ? (Barcelone, 1931) – La rapaza de pradal (Barcelone, 1930) – La violencia social fascista (Madrid, s. d.) – La virgencita de los Merinales (Barcelone, 1927).