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Los de la sierra 1936-1975
Dictionnaire des guerilleros et résistants antifranquistes

Le dictionnaire des guérilleros et résistants antifranquistes, tente de répertorier les hommes et femmes de toutes tendances (anarchistes, communistes, socialistes, sans parti) ayant participé pendant près de quarante ans, (1936-1975) souvent au prix de leurs vies ou de longues années de prison et souvent dans une indifférence générale, à la lutte contre la dictature franquiste. Ce travail a été commencé il y a plus de vingt ans par l’historien libertaire Antonio Tellez Sola (1921-2005) en collaboration avec Rolf Dupuy du [*Centre International de Recherches sur l’Anarchisme*] (CIRA).

MARTINEZ GUERRICABEITIA, José « Felipe ORERO » ; « Martin ROA »
Né le 18 juin 1921 à Villar del Arzobispo (Valence) – mort le 8 mars 1986 - Editeur – FIJL – CNT – Valence (Levant) – Paris – Barcelone (Catalogne) - Madrid (Nouvelle-Castille)
Article mis en ligne le 3 novembre 2011
dernière modification le 24 juillet 2024

par R.D.
José Martinez Guerricabeitia

Fils du mineur cénétiste José Martinez Gracia et de la militante anarcho-syndicaliste Josefa Guerricabeicia Otero, José Martinez Guerricabeitia était au moment de la guerre civile membre de la Fédération ibérique des jeunesses libertaires (FIJL) dont il était l’éditeur au collège de Requena (Valence) du Periodico mural de las juventudes libertarias. En 1937, à peine âgé de 17 ans il partait pour le front dans la 26e Division (ex colonne Durruti).

Arrêté en mai 1939 à Requena, il était interné à la prison de El Molino de Alagüey avant d’être remis en liberté provisoire en décembre. Peu après l’arrestation en janvier 1940 de son père et de son jeune frère Jesus Amor, il était interné sur ordre du tribunal pour enfants de Valence au centre de redressement de la Colonie San Vicente près de Burjassot (Valence) dont il fut libéré en mai 1942 pour être envoyé faire son service militaire au 43e régiment d’artillerie de Paterna.

Démobilisé en octobre 1945, il s’intégrait début 1946 avec un groupe d’amis à la CNT clandestine du quartier valencien du Patriarca et lorsque fut formé en août 1946 un Comité régional du Levant de la FIJL, il en fut nommé secrétaire à l’organisation. Ce comité régional dont le secrétaire était Felipe Gonzalez Alonso contrôlait alors les provinces de Castellon, Valence, Alicante, Murcie et Alabacete. Fin mars 1947 il était arrêté avec Felipe Gonzalez Alonso et quatre autres responsables de la FIJL. Tous étaient transférés le 7 avril à la prison cellulaire de Valence avant d’être remis en liberté conditionnelle, en attente de jugement, le 15 décembre 1947.

En août 1948, José Martinez passait clandestinement en France où, le 25 août il arrivait à Paris où il allait survivre en exerçant divers petits boulots tout en poursuivant des études et obtenir une licence d’histoire à la Sorbonne. A cette époque il s’était intégré à un petit groupe d’étudiants exilés et pour la pupart libertaires, dont étaient également membres Nicolas Sanchez Albornoz, Francisco Benet et Manuel Lamana et il fut pendant quelques mois le responsable de la délégation de la Federación universitaria española (FUE) en exil. Il commença à travailler également aux éditions scientifiques Hermann où il allait acquérir une solide expérience de la gestion éditoriale.

En mai 1960, José Martinez et ses amis Nicolas Sanchez Albornos, Ramon Viladas et Vicente Girbau décidaient de fonder une maison d’édition afin de publier les livres interdits par le régime franquiste. Le 28 septembre 1961 était signé l’acte de constitution des Editions Ruedo Iberico, domiciliées 27 Boulevard Malesherbes. Ramon Viladas en était le responsable juridique, Nicolas Sanchez Albornos, historien professionnel, le conseiller historique, Vicente Girbau le chargé de relations publiques et de recherche de nouveautés et José Martinez le responsable de toute la gestion éditoriale.

Le premier livre publié fut l’ouvrage du journaliste Hugh Thomas la guerra española qui fut un succès éditoriel et fut le premier volume de la collection España contemporeana dirigée par José Martinez. Puis en juillet 1962 était publié l’ouvrage de référence El Laberinto español du grand hispaniste anglais Gerald Brenan.

Parallèllement aux livres apparaissait à partir de juin 1965 le premier numéro de la revue Cuadernos de Ruedo iberico dont la présentation était signée de José Martinez et de Jorge Semprun Maura qui avait été exclu début 1964 avec Fernando Claudin du comité exécutif du Parti communiste espagnol pour « droitisme, démocratisme et révisionnisme ».

Le 18 juin 1970 Ruedo Iberico inaugait au cœur du quartier latin, au n°6 rue de Latran (5e arr.) un vaste local qui allait également sevir de librairie. En 1971 était réédité les 3 volumes de l’ouvrage de José Peirats La CNT en la revolucion española dont l’édition précédente par la CNT en exil en 1951-1953 était quasiment épuisée.

En 1973 José Martinez renouait avec ses anciers compagnons libertaires et publiait un supplément des Cuadernos intitulé El movimiento libertario español, puis la biographoe d’Antonio Tellez sur le guérillero libertaire José Lluis facerias (1974) et l’année suivante l’étude d’Octavio Alberola et Ariane Gransac El anarquismo español y la accion revolucionaria.

Dans la nuit du 13 au 14 octobre 1975 la librairie de la rue de Latran était l’objet d’un attentat à la bombe revendiqué par le groupe ATE et dirigé sans doute par les services policiers franquistes. Une importante campagne de solidarité des personnes et organisations antifranquistes permettait à la librairie et aux éditions de reprendre leus activités dès le 16 décembre. Entre temps, le 20 novembre, le général Franco était mort.

En 1976 il publiait les mémoires du militant libertaire Cipriano Mera Guerra, exilio y carcel de un anarcosindicalista. Dès février 1977 José Martinez constituait à Barcelone la Société ibérique d’éditions et publications, une filiale de Ruedo Iberico en Espagne, mais qui ne reçut l’autorisation de publier qu’en juin. Entre temps, le 18 avril 1977, José Martinez avait obtenu de l’Ambassade d’espagne le passeport légal avec lequel il cessait d’être un réfugié politique.

A l’été 1977 était mis en vente le n°55-57 des Cuadernos intitulé Bakunin-Marx, préparé par le militant cénétiste Francisco Carrasquer Launed puis à la fin de l’année le n°58-60, Del sindicalismo revolutionario al anarcosindicalismo.

José Martinez qui ne cessait plus alors de voyager entre la France et l’Espagne, envoyait en 1978 son fonds de librairie (près de 60 tonnes de livres) en Espagne et le 20 avril 1978 à Barcelone, puis le 1er juin à Madrid, présentait officiellement Ruedo Iberico et sa filiale Iberica de Ediciones y publicaciones. Le dernier supplément des Cuadernos fut édité en Espagne sous le titre CNT ser o no ser : la crisis de 1976-1979 dont il fut le principal rédacteur. Puis, après un très gros travail de correction, était publié à la fin de l’année les mémoires du militant libertaire Juan Garcia Oliver El Eco de los pasos. Toutefois à la fin 1979 les éditions étaient au bord de la faillite. Il collabora à cette époque au bulletin El Topo avizor (Paris-Barcelone, 9 numéros, 1977-1978) et en 1979 à l’organe de la CNT Solidaridad Obrera (Barcelone).

Fin octobre 1982 José Martinez signait un contrat de vente avec l’Institut International d’histoire sociale d’Amsterdam concernant ses archives privées et celles de la maison d’édition et l’année suivante s’installait à Madrid.

Le 8 mars 1986 José Martinez devait mourir asphyxié dans la cuisine de son appartement madrilène de la rue Matias Turron. Plusieurs de ses proches étaient convaincu qu’il s’était suicidé et avait dissimulé sa mort en accident.

Tant aux éditions Ruedo Iberico que dans les Cuadernos auxquels collaborèrent toutes les tendances de l’antifranquisme, José Martinez avait permis de mettre à disposition un grand nombre d’études fondamentales sur la guerre civile, sur le franquisme, l’Opus Dei et bien sûr l’anarchisme ibérique.


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