Fils d’un maçon, Eduardo José Estève, devenu orphelin de mère à l’âge de 9 ans, avait dû quitter l’école à 11 ans pour commencer à travailler sur les chantiers. C’est au début des années 1930 à Valence qu’il commença à s’intéresser à l’anarchisme et adhéra au syndicat CNT de la construction. Membre d’un groupe naturiste et du groupe éspérantiste Libera vivo, il intégra les jeunesses libertaires de Vega Alta dont il devint le délégué à la Fédération locale de la FIJL de Valence. En 1931 il fut nommé secrétaire de la fédération locale et provinciale de la FIJL où il remplaçait M. Morell.
Lors du coup d’État franquiste de juillet 1936, il participa à l’assaut des casernes de Alameda et, avec Antonio Alorda Gracia, réquisitionna des locaux pour la FIJL. Il fut alors nommé secrétaire général de la FIJL de Valence et membre du Comité péninsulaire, poste qu’il occupera jusqu’à la fin de la guerre, y compris pendant les quelques mois où il fut soldat dans la 82e Brigade mixte.
Fait prisonnier à la fin de la guerre à Alicante, il fut interné aux camps de Los Almendros et d’Albatera dont, en mai 1939 avec l’aide du groupe Libera, il parvint à s’évader. Il fit alors partie, avec Juan Lopez, Eugenio Castello, Lucas Garijo et Antonio Alorda d’une des toutes premières délégations envoyées en septembre 1939 en France par le premier Comité national clandestin de la CNT, dont le secrétaire était Esteban Pallarols Xirgu, pour y informer l’organisation en exil de la situation à l’intérieur.
Arrêté après avoir passé la frontière à Pobla de Lillet, Eduardo José Esteve fut emprisonné un mois à Perpignan, puis interné au camp de Saint-Cyprien. Enrôlé dans une Compagnie de travailleurs étrangers, il était envoyé avec Juan Zafon Bato et E. Quintanilla pour aller travailler aux fortifications de la frontière belge. Il ne tardait pas à s’évader (sans doute lors de la percée allemande) et à regagner le sud de la France où il était une nouvelle fois arrêté et interné au camp du Vernet puis d’Argelès. Incorporé dans la 21e Compagnie de Travailleurs il était envoyé à l’arsenal de Mably et résida alors à La Rochelle et à Bordeaux. Après la réquisition de l’arsenal par les Allemands, il tenta à quatre reprises de s’évader sans succès. Il y parvint enfin en 1941 et s’intégra alors au réseau de résistance formé par le militant libertaire Francisco Ponzan Vidal.
En décembre 1942, avec l’aide du groupe Ponzan, il retournait clandestinement en Espagne où il était chargé de recontacter des militants, de consolider et de créer de nouveaux réseaux de passage entre l’Espagne et la France. Après la chute et l’assassinat de Ponzan en 1944 en France, il resta à Barcelone.
En 1945 Efuardo José Esteve Germen était le secrétaire de la FL-CNT de Barcelone, membre du Comité régional catalan de la CNT et de celui de la FIJL. Il abandonna ce dernier poste l’année suivante étant opposé à tous contacts avec l’exil. En 1946 au comité régional de la CNT avec Carrasquer, il s’occupa plus particulièrement de la réorganisation des comarcales de Barcelone. Il fut également membre du Comité régional de Hermes Piquer Fargas Juan Figueras avec José Cases Alfonso, Armando Lopez, Tomas Latre et Dominguez. En décembre 1946 il fut une nouvelle fois nommé secrétaire de la FL de Barcelone, poste qu’il exerça jusqu’à son arrestation le 20 mai 1947 et son internement à la Modelo de Barcelone.
Remis en liberté conditionnelle en 1949 Germen adhéra au syndicat CNT des spectacles de Barcelone dont, en 1952, il devint le président. Traduit devant le conseil de guerre qui s’ouvrit à Madrid le 5 février 1954, contre 19 militants de la CNT – dont Celedonio Pérez Bernardo, José Torremocha Arias, Cipriano Damiano Gonzalez, Sebastian Calvo Sahun, Juan Saña Magriña – il fut condamné à quatre ans de prison.
Libéré conditionnel au bout de deux ans, il reprenait la lutte et en août 1958, avec Ginés Camarasa et José Bueso Blanch formait un nouveau Comité national de la CNT qui convoquait un plenum national et nommait Ismael Rodriguez Ajax comme secrétaire.
Dans les années 1960 il était membre du comité régional catalan et délégué à la commission de ralations avec l’organisation en exil qui s’était réunifiée. Entré en désaccord avec Cipriano Damiano (affaire de l’Alliance Syndicale Ouvrière, ASO), il démissionnait alors de toute responsabilité dans l’organisation. Il condamna également et vigoureusement l’accord signé entre d’anciens militants de la CNT et du syndicat vertical CNS (affaire des « cincopuntistas »).
Après la mort de Franco, Eduardo José Esteve participa à la reconstruction de la CNT. Nommé délégué du syndicat des spectacles pour le 5e congrès de la CNT, il refusa pour désaccords avec l’autre délégué. Après ce congrès et la scission qui s’en suivit, il décida de rester à l’écart tant de la CNT-AIT que de la CNT rénovée (future CGT).
Eduardo José Esteve, qui collabora à la revue Polemica (Barcelone), est mort à Barcelone le 2 décembre 1996.