Ancien élève de l’école libertaire la Farigola où il avait appris le dessin et la peinture, Domigno Ibars Juanias avait commencé à travailler très jeune comme mécanicien ajusteur et avait adhéré au syndicat CNT du métal de Barcelone.
Membre des Jeunesses libertaires (FIJL) il avait participé aux affrontements de mai 1937 avec les staliniens et fut arrêté par le SIM en janvier 1938. Emprisonné à la Modelo il y participait le 23 avril à une mutinerie des prisonniers et était transféré au camp d’internement d’Ornells. Libéré en août, il intégrait immédiatement la 213e Brigade mixte avec laquelle il allait participer à la retraite de Catalogne.
Lors de la Retirada, en février 1939, il entrait en France par Prats et était interné aux camps de Saint-Cyprien et de Septfonds jusqu’en décembre 1939 où il était envoyé travailler dans une usine sidérurgique à Imphy (Nièvre). A l’automne 1940, il aurait été arrêté par les allemands mais serait parvenu à s’enfuir. Avec un compagnon appelé Canillas, il serait alors parti pour Toulouse où il aurait rencontré Pedro Mateu Cusido de la Commission de défense du Mouvement libertaire espagnol et aurait décidé de rentrer en Espagne pour y participer à la résistance antifranquiste. Le 23 octobre 1940, avec Canillas il se trouvait par hasard à Hendaye au moment de l’entrevue Hitler – Franco : les deux compagnons improvisaient alors un projet d’attentat qui fut rapidement abandonné suite à l’arrestation de Canillas et à la présence considérable de forces de police et de l’armée. Domingo Ibars parvint toutefois à quitter la ville, à gagner Fuenterrabia après avoir franchi la Bidassoa, puis à aller à Barcelone où il resta sans doute sous une fausse identité pendant toute la durée de la guerre.
Membre de la Commission de défense de la Fédération anarchiste ibérique (FAI) à Barcelone, il allait à partir de 1946 effectuer de nombreux allers-et-retours entre la France et l’Espagne et participer aux actions de la guérilla urbaine et à plusieurs tentatives d’attentat contre Franco – notamment celui de mai 1947 à Barcelone par le groupe Anonimos. Début novembre 1947 il pénétrait en Espagne avec José Lluis Facerias, Juan Cazorla Pedrero Tom Mix, Ramon Gonzalez Sanmarti, Francisco Ballester Orovigt et Celedonio Garcia Casino avant de revenir en France en juin 1948 après avoir échappé de peu à l’arrestation.
En octobre 1948 il repartait pour l’Espagne mais était arrêté avec José Dot à Farga et était emprisonné à Salt pour « passage clandestin de frontière ». Libéré peu après il retournait en France avant de retourner une nouvelle fois à Barcelone à l’été 1949. Le 2 juillet 1949, avec Pedro Adrover Font, Arquimedes Serrano Ovejas, Francisco Martinez Marquez et César Saborit Carralero, il participait à l’attaque de l’usine ICAM (constructions de machines pour la céramique) située au 109 de la rue Pedro IV, où le groupe, sous la menace, obligera le chef du personnel Juan Cervantes Clemente à ouvrir le coffre fort et à leur remettre les 50.000 pesetas qui s’y trouvaient. Le 30 septembre avec le même groupe de compagnons, renforcé par José Pérez Pedrero et Julio Rodriguez Fernandez El Cubano, il participait à l’attaque, 80 paseo de Gracia, de l’entrprise Edificios y Estructuras où le groupe ne trouvera que 7.000 pesetas, les salaires ayant déjà été distribués.
Domingo Ibars Juanias Mingo a été arrêté avec Jorge Pons Argilés au 15 de la rue Guasch, à San Adrian de Besos, le 21 octobre 1949 (ou le 5 novembre selon certaines sources) lors des vastes rafles déclenchées pour démanteler les groupes d’action. Traduit devant le conseil de guerre qui s’ouvrit à Barcelone le 6 février 1952 contre une trentaine de membres et collaborateurs de ces groupes, Domingo Ibars Juanias fut condamné à mort avec plusieurs autres compagnons. Tandis que le 14 mars, cinq des condamnés étaient exécutés, Domingo Ibars bénéficiat d’une commutation de peine en trente années de réclusion criminelle. Il fut détenu à Ocaña (1952-1957) puis à Burgos dont il sera libéré en très mauvaise condition physique en octobre 1969.
Revenu à Barcelone il adhérait au Syndicat CNT clandestin des spectacles (1971-1973), devenait le secrétaire à la propagande du Comité régional catalan de la CNT, membre du groupe anarchiste Negro Rojo et collaborait à son organe Tribuna Libertaria (1970-1975). Au début des années 1970, il aurait été brièvement membre de Esquerra Republicana – pour selon lui y défendre les thèses libertaires – avant de réintégrer la CNT. Après la mort de Franco et la légalisation de la CNT il collabora également à Tierra y Libertad et à CNT.
Domingo Ibars Juanias est décédé à Barcelone en 1997.