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Los de la sierra 1936-1975
Dictionnaire des guerilleros et résistants antifranquistes

Le dictionnaire des guérilleros et résistants antifranquistes, tente de répertorier les hommes et femmes de toutes tendances (anarchistes, communistes, socialistes, sans parti) ayant participé pendant près de quarante ans, (1936-1975) souvent au prix de leurs vies ou de longues années de prison et souvent dans une indifférence générale, à la lutte contre la dictature franquiste. Ce travail a été commencé il y a plus de vingt ans par l’historien libertaire Antonio Tellez Sola (1921-2005) en collaboration avec Rolf Dupuy du [*Centre International de Recherches sur l’Anarchisme*] (CIRA).

GRACIA IBARS, Tomas Germinal « Victor GARCIA ; GERMEN ; SANTO TOMAS DE AQUINO ; EGOFILO ; QUIPO AMAUTA ; Julian FUENTES »
Né à Barcelone le 24 août 1919 - mort le 10 mai 1991 - ouvrier du textile ; comptable – FIJL – FAI - CNT - Barcelone (Catalogne) – Marseille (Bouches-du-Rhône) - Isère - Paris – Caracas – Montady (Hérault)
Article mis en ligne le 13 mai 2009
dernière modification le 24 juillet 2024

par R.D.
Germinal Gracia Ibars

Après avoir passé ses premières années à Mequinenza (Aragon), village natal de sa mère, Germinal Gracia Ibars, plus connu sous son nom de plume de Victor García devint très vite orphelin de père. La famille s’installa alors à Barcelone où, dès l’âge de douze ans, il commença à travailler dans le textile et fut dès 1933 membre du syndicat CNT du textile et dès 1936 des Jeunesses Libertaires (FIJL) du quartier de Gracia (Barcelone).

Avec Diego Camacho Escamez et Liberto Sarrau Royes il fut membre du groupe Los Quijotes del ideal fondé en août 1936 et publia ses premiers écrits dans son organe El Quijote (1937) et dans l’organe de la FIJL Ruta (Barcelone). Milicien dans la Colonne Los Aguiluchos, il abandonna le front lors de la militarisation et s’intègra à la collectivité de Cervia (Lerida) où avec Diego Camacho et Liberto Sarrau il fonda les jeunesses libertaires. Il travailla ensuite comme comptable au siège de la CNT-FAI à Barcelone et fut membre du comité régional catalan de la FIJL. Après l’échec de la bataile de l’Ebre, il rejoignit la 26e Division (ex colonne Durruti) et fut blessé à Tremp.

Passé en France lors de la Retirada, il fut interné dans divers camps dont Argelès, Barcarés et Brams dont il sortit pour aller travailler dans une filature à Romorantin. Pendant l’occupation il était à Marseille (1941) puis fut envoyé travailler dans une mine en Isère où il s’intégra à la Résistance : “… C’est par l’intermédiaire des mes activités militantes confédérales que je me suis incorporé, petit à petit, à la Résistance française, et je crois que cela eut lieu, quand travaillant comme mineur à La Mure (Isère), et en tant que délégué de la CNT pour la zone, je joignais ces activités avec celles du maquis de la région de Corps et de cette partie des Alpes en général.

Barcarés : Diego Camacho, J. Alfonso, Federico Arcos, Salvador Sarrau, P. Rafles, T. Agusti (debouts) ; P. Casajuana, Agustin Roa, Liberto Sarrau, Raul Carballeira (accroupis) ; P. Torralba et Germinal Gracia Ibars (allongés)

Après le plenum CNT de Mauriac, le 6 juin 1943, l’organisation confédérale développa davantage encore son activité et cela m’obligeait à un plus grand nombre de déplacements dans les départements de l’Isère, le Jura, la Drôme, les deux Savoies, le Rhône et les Hautes Alpes. S’ajoutaient à tout cela, des voyages réguliers à Montpellier, où résidait le secrétaire général de la CNT en France, Juan Manuel Molina “Juanel”.

Parallèlement dans la mine d’anthracite de La Mure, les actes de sabotage augmentaient d’intensité et de périodicité, ayant acquis une coordination presque parfaite entre la Résisrance proprement dite et les antifascistes mineurs du lieu.

Mes déplacements continuels éveillèrent probablement les soupçons des autorités de Vichy car, en mars 1944, la Milice de Pétain fit irruption dans ma chambre aux premières lueurs de l’aube et pistolet en main, pour me conduire à Lyon… Entre autres fut arrêté en même temps que moi un copain connu et actif de la CNT, Salvador Gusbert, dont le véritable nom était Serafin Tarin… A Lyon nous fûmes internés au Petit dépôt de Saunt Jean, iù après une semaine de cachot et de totale promiscuité, pratiquement sans nourriture et le coucher à même le sol dur, on nous informa que nous allions être transférés au Vernet. Nous avons été amenés à la Préfecture où nous avons eu droit à la fiche anthropométrique complète comme de vulgaires criminels et où l’on nous notifia que nous érions considérés comme “dangereux à l’ordre public et à la Sécutité nationale” et à ce titre, que nous serions conduit au camp du Vernet pour y être internés.

Quelques mois plus tard, les Allemands décidèrent d’évacuer le camp et organisèrent des convois de wagons de marchandise… à destination de Dachau en Allemagne.

… Dès le début de notre voyage, avec quelques autres détenus qui se trouvaient dans le même wagon que moi, nous avons décidé de tout tenter pour nous échapper et, avec les manches des cueillières et des fourchettes, seuls “outils” dont nous disposions, nous avons essayé de soulever les plateaux qui constituaient le plancher du wagon… .Finalement, c’est au moment où nous arrivions presque à Nancy, c’est à dire à la frontière que notre tâche se vit enfin couronnée de succès et une nuit, au moment où le train avançait très lentement à cause des sabotages continuels sur la voie, nous nous sommes glissés par le trou ouvert dans le plancher du wagon, les pieds en premier, nous soutenant le corps avec les bras et aidés par les camarades qui restaient, de manière à pouvoir rester couchés entre les rails jusqu’à ce que le train soit passé entièrement.

La Résistance nous prit en charge et nous dirigea jusqu’à Laon (Aisne) où, à la Préfecture, grâce aux éléments infiltrés, on nous délivra un récépissé avec lequel j’ai pu retourner à Paris au moment où les troupes alliées, ayant débarqué en Normandie, s’avançaient rapidement vers la capitale” (Témoignage de G. Gracia, 1985).

Germinal Gracia Ibars (Barcelone, 1948)

Á la libération il était à Paris et en mai 1945 participait au premier congrès du MLE-CNT. En avril il avait été nommé, lors d’un plenum à Toulouse, membre du Comité National de la FIJL comme secrétaire d’administration, poste qu’il abandonnera pour incompatibilité d’humeur avec Benito Milla. Administrateur de Solidaridad Obrera, fonction qu’il abandonna suite à des désaccords avec Laureano Cerrada, Germinal Gracia Ibars était également administrateur de l’hebdomadaire Ruta (Toulouse) puis fut nommé secrétaire de l’Internationale des Jeunesses Anarchistes (IJA) au congrès de laquelle, à Faenza (Italie) les 20-22 juillet 1946, il fut avec Jaime Amoros Vidal le délégué de la FIJL et dont il fut l’un des fondateurs de son organe en esperanto Senstantano.

En novembre 1946 Germinal Gracía Ibars pénètrait en Espagne pour renforcer les Jeunesses Libertaires de Catalogne. Arrêté le 3 décembre 1946, il fut interné à la Modelo où il participait à la rédaction des bulletins clandestins Acarus Scabieri (1 numéro fin 1946) puis Esfuerzo (1947, au moins 5 numéros). Ces journaux, organes des Jeunesses libertaires de la prison Modelo, étaient calligraphiés à deux ou trois exemplaires par Geronimo Falo Villanueva, sur du papier fourni par l’intermédiaire de Juan Serna, un compagnon du syndicat clandestin des arts graphiques ; ces exemplaires circulaient dans toite la prison, de galerie en galerie, par l’intermédiaire du compagnon qui s’occupait de la bibliothèque officielle de la prison (cf. Témoignage de M. Fernandez). Remis en liberté provisoire en juillet 1947, moyennant une caution payée par sa famille, il travaillait dans la construction et s’intégrait de nouveau à l’action clandestine. Suite à la chute à Madrid du Comité national de José Blanco et à la saisie par la police de nombreuses adresses - dont à Barcelone celle d’un de ses parents qui servait d’agent de contact à la CNT - il échappait à un piège tendu par la police et, trop “Brîlé” pour pouvoir poursuivre des actions clandestines, passait en France avec l’aide de Francisco Denis Diez Catala en août 1948.

En décembre 1948 il émigrait pour l’Amérique latine où il allait résider tour à tour en Uruguay (1954), Brésil (1956), Argentine et Chili (1957) et surtout au Venezuela. Puis il parcourait le monde (Asie, Moyen-Orient, Eutope) avant de s’intaller à Caracas en 1961 où il allait travailler comme comptable et devenir le responsable pour le Venezuela des souscriptions pour le journal Tierra y libertad de Mexico. Secrétaire de la CNT réunifiée du Venezuela il était également secrétaire d’un Centre Culturel social et en 1962 commençait, avec la collaboration de sa compagne Marisol, de Felipe Sanz, de Floreal Castilla et de Leonardo Di Francesco, la publication d’une nouvelle série de Ruta (1963-1967). Il fut l’un des maîtres d’œuvre de la publication en espagnole de l’Encyclopédie anarchiste de Sébastien Faure. En avril 1966 il était exclu de la CNT du Venezuela pour avoir critiqué le “cincopuntisme”.

De 1966 à 1968 il résidait en France avant de retourner à Caracas où il publiait une nouvelle série de cahiers monographiques de Ruta (1970-1980). En 1976 il voyageait en Espagne et, après avoir pris sa retraite de la Compagnie Air-France, s’installait en France à Montady (Herault) avec sa compagne Marisol. Germinal Gracia Ibars est décédé le 10 mai 1991 à Castelnau, Montpellier. Germinal Gracia qui était le père de deux filles, Grecia et Maya, a été enterré à Montady en présence d’une centaine de compagnons.

Montady (mai 1991)

Œuvres : Outre une collaboration à la plupart des titres de la presse libertaire de l’exil, Germinal Gracia est l’aateur de très nombreux ouvrages dont : - America hoy (Ed. Americalee, 1956) ; - La Incognita de indoamerica (Tierra y Libertad, 1957) ; - Anarquismo de los urbanitas (Ed. Escuela Moderna, s.d.) ; - El Japon hoy (Americalee, 1960) ; -Ceilan, la ila del té (s.d.) ; - La Militancia pide la palabra (Caracas, 1961) ; - Escursiones sobre lis fundamentos del anarquismo (Tierra y Libertad, 1961) ; - Raul Carballeira (Solidaridad Obrera, 1961) ; - Escarceos sobre China (Toerra y Libertad, 1962) ; - España hoy (Ed. FIJL, 1962) ; - Juicio contra Franco (FIJL, 1962) ; - Coordenadas andariegas : Mexico, Panama y Oceano Pacifico (Edimusa, 1963) ; - Franco y el quinto mandamiento (Caracas, 1963) ;- El Pensamiento anarquista (Cenit, 1963) ; - La Internacional obrera (Caracas, 1964) ; - El Sudeste asiatico (Proyeccion, 1966) ; - Il Vaticano (La Fiaccola, 1966) ; - El anarcosindicalismo en España (avec J. Peirats, Ruta, 1970) ; - Las utopias, de la Arcadia a 1984 (Ruta, 1971) ; - El Proto anarquismo (Ruta 1971) ; - El anarcosindicalismo, sus origenes, su estrategia (Ruta, 1972) ; - Bakunin hoy (Ruta, 1973) ; - Georges Orwell y su vision apocaliptica del mañana (La escuela moderna, 1973) ; - Las utopias, immersion en el pesimismo (Ruta, 1973) ; - Contestacion y anarquismo (avec O. Alberola, Ruta, 1974) ; - Kropotkin, su impacto en el anarquismo (Ruta, 1974) ; - Kropotkin, la sociedad fue primero (Ruta, 1974) ; - Kotogu, Osugi y Yamaga, tres anarquistas japoneses (Ruta, 1975) ; - Taiji Yamaga (s.l., s.d.) ; - Centenario de Barret (avec A. Cappelletti, Ruta, 1976) ; - Museihushugi el anarquismo japones (Edimusa, 1976) ; - Godwin y Proudhon (Ruta, 1977) ; - Las utopias y el anarquismo (Edimusa, 1977) ; - El Pensamiento de P. J. Proudhon (Edimusa, 1980) ; - Caudillismo, golpismo, militarismo y fascismo en America latina (La Escuela moderna, 1982) ; - La moral anarquista y el trabajo moralizador (El Sembrador, 198 ?) ; - La Sabiduria oriental, taoismo, budismo, confucianismo(Madeid, Cincel, 1985) ; - Antologia del anarcosindicalismo (Ruta-Base, 1988) ; - Proyeccion de Iberia en America (Buenis Aires, s.d.) ; - El facismo en latino america (inédit) ; - Diccionario enciclopedico de militantes anarcosindicalistas (inachevé et inédit).


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