Fils d’un ouvrier bouchonnier et ainé de sept frères, Helios Gómez Rodríguez avait commencé à travailler en usine comme peintre en céramique vers 1918 et avait adhèré à un groupe anarchiste andalou. C’est en 1925 qu’il exposait pour la première fois ses oeuvres dans un café de Séville. En 1927, suite à son activisme politico-syndical, il était obligé de s’exiler en France où il résidait à Paris. Expulsé après avoir participé à une manifestation en faveur de Sacco et Vanzetti, il allait successivement en Belgique, Hollande, Vienne, Berlin et en URSS (en 1928 où il aurait adhéré au PC), puis retournait en Espagne après la chute de Primo de Rivera.
En juillet 1930 il participait au plenum des syndicats catalans de la CNT à Sants comme délégué des arts graphiques de Barcelone et y défendait des thèses bolchéviques ; il travaillait alors comme dessinateur au journal communiste Mundo Obrero. Á la fin du plenum il édita un texte expliquant qu’il abandonnait l’anarchisme et adhèrait à la Fédération des Communistes catalans. En août 1931 il adhèrait au Parti communiste espagnol et entre 1932 et 1936 il voyageait en URSS.
En juillet 1936 il était en Belgique et regagnait Barcelone où il fondait et présidait un syndicat des artistes graphistes. Il était ensuite milicien, participait au débarquement à Mallorque (août) puis combattait sur le front de Madrid. Après avoir tué au corps à corps un capitaine de l’armée sur le front d’Andujar, il était exclu du PC en juin 1937. Il devenait alors commissaire culturel dans la 26e Division (ex colonne Durruti) dont il illustrait l’organe El Frente.
En février 1939 il passait en France et était interné aux camps de Bram, du Vernet et de Bourg Madame avant d’être déporté en 1940 en Afrique du nord au camp de Bou Sada.
Au printemps 1942 Helios Gómez Rodríguez rentrait clandestinement en Espagne sous une fausse identité. Après un passage à Séville, il allait à Barcelone où il travaillait à la Casa de Andalucia et participait au regroupement des militants cénétistes andalous à Barcelone. Entré en contact avec Pedro Mas Valois et N. Capo il participait avec eux à l’édition de Solidaridad Obrera clandestine. En 1944 il fondait une organisation la Libération Nationale Républicaine (LNR) et militait à l’AFARE et à l’Alliance Nationale des Forces Démocratiques (ANFD). En 1945-46 il aurait été emprisonné à Barcelone, Séville et Carabanchel. En 1947, secrétaire de la Casa de Andalucia, il défendait les thèses de certains cénétistes de l’ANFD en faveur d’une monarchie constitutionnelle. A nouveau arrêté en 1948 il était emprisonné jusqu’en septembre 1954.
Helios Gómez Rodríguez est mort à Barcelone le 19 septembre 1956.
Son oeuvre de caricaturiste et d’illustrateur doit beaucoup au cubisme et au futurisme. Il s’éloignera du naturisme qu’il remplacera parcequ’il appelait “l’abstraction créatrice d’émotions”. Tous ses dessins sont basés sur le noir. Défendant un art au service des travailleurs il a eu pour thème essentiel la dénonciation de l’oppression du peuple espagnol par l’armée, l’église et l’Etat. Il a collaboré à de nombreuses revues dont Estudios, Tierra Y Libertad, Accion, Rebelion, Tiempos Nuevos, Mundo Obrero, etc, et a illustré de nombreux livres ainsi que les murs de la chapelle de la prison Modelo de Barcelone.
Œuvres : Dias de Ira (Berlin, 1930) - La revolucion española (Moscou, 1933) - Viva Octubre (Bruxelles, 1935)