Victor Francisco Caceres, après une enfance très pauvre où, dès l’âge de sept ans il avait du aider son père aux champs, avait fait son service militaire à Melilla (Maroc espagnol) en 1932 puis avait décidé de faire carrière dans l’armée dans le corps des ingénieurs. Le 10 juin 1936, lors d’une première tentative de coup d’état, il avait participé avec un groupe de soldats loyaux à l’enfermement des officiers séditieux dans la salle où ils s’étaient réunis. Lors du soulèvement factieux de juillet 1936, Victor Francisco Cáceres avait été l’un des rares militaires à faire front aux insurgés ce qui lui valu d’être arrêté avec les quelques autres soldats loyaux, battu, jugé pour “sédition” et condamné à mort, peine qui fut ensuite commuée en trente années de détention. C’est au cours de cette détention et des travaux forcés auxquels il était astreint qu’il fit la connaissance de militants des Jeunesses Libertaires et devenait anarchiste. C’est aussi en prison qu’il apprenait plusieurs langues (anglais, français) et obtenait un diplôme de comptable commercial.
Au moment de la Bataille de l’Ebre qui laissait encore espérer une victoire républicaine, il faisait partie des groupes de défense clandestins formés dans la prison qui s’étaient armés en fabriquant des couteaux, avaient dérobé des explosifs, dans le but de se soulever en cas de victoire.
Libéré conditionnel en 1941, au bout de cinq années de captivité il retournait dans son village où il fondait une école pour enfants, mais il devait vite abandonner le projet, ayant été dénoncé pour ne pas avoir de diplôme officiel. Il partait ensuite avec sa mère à Bilbao, travaillait au nettoyage des wagons de chemins de fer et participait à un mouvement de grève. Il allait ensuite à Briñas et travaillait à l’usine de cellulose de Miranda de Ebro puis aux mines de gravier de San Felices où le soir il donnait des cours aux enfants d’ouviers jusqu’à ce qu’il soit dénoncé par l’institutrice parcequ’il “ne prononçait jamais le nom de Dieu dans ses cours”. En contact avec la CNT et l’Alliance Nationale des Forces Démocratiques (ANFD) dont il distribuait la propagande il travaillait ensuite sur le chantier du pont de Haro où il menait une grève permettant d’obtenir une augmentation. Licencié après la grève, Victor Francisco Caceres partait pour Pasajes et travaillait dans une usine d’aluminium de Renteria, puis au déchargement des bateaux de pêche sur le port.
En 1949 il gagnait Vigo où il obtenait de travailler comme comptable à l’usine Vulcano. Avec l’aide des militants libertaires Dalmacio Bragado Ruiz et Guillermo Barros Cela il allait dès lors déployer une forte activité clandestine au sein de la CNT de Galice et Rioja.
En 1956 il allait à Toulouse pour entrer en contact avec le Mouvement Libertaire en exil afin de mettre au point l’introduction en Galice de la propagande clandestine. Quelques semaines plus tard, un agent de liaison El Pajarito lui amenait à Vigo le matériel clandestin à distribuer. Pendant toutes les années qui allaient suivre, il allait regrouper au sein de la CNT de jeunes ouvriers et de vieux cadres de l’organisation. Au mois d’avril 1960, près de Vigo, Victor Francisco Caceres organisait une réunion avec Jaime Garrido Vila, Augusto Docampo Soto et Manuel Rodríguez González pour constituer un groupe spécifique libertaire dont était nommé responsable Manuel Rodríguez González - remplacé peu après par Jaime Garrido Vila - et Augusto Docampo Soto comme trésorier. Le groupe prenait ensuite le nom de Front Démocratique de la Jeunesse. En juillet 1960 la police arrêtait cinq cénétistes de Vigo dont Leopoldo Garcia Ortega libéré après 3 jours d’interrogatoire musclé et Victor Francisco Caceres et Dalmacio Bragado Ruiz qui étaient tous deux emprisonnés deux mois. Á sa libération il réoorganisait la CNT à Pontevedra.
Au printemps 1962 il participait à la grève générale pour obtenir de meilleurs salaires à l’usine Vulcano. Arrêté dès le deuxième jour de grève, il était libéré sous la pression des grèvistes qui obtenaient en plus une augmentation de 75% de leur salaire.
Victor Francisco Caceres et Augusto Docampo Soto étaient de nouveau arrêtés les 4 et 5 août 1962, avec plusieurs autres militants dont Manuel Rodríguez González le 6 août à Barreras. Transféré à Madrid et emprisonné à Carrabanchel, Victor Francisco Caceres était traduit devant un conseil de guerre qui le 23 novembre 1962 le condamnait à onze ans de prison pour “rebellion militaire”. Á la noël 1962 il était tansféré au pénitencier de Burgos, où après l’habituelle période d’isolement il allait être nommé secrétaire de la CNT de la prison, poste qu’il allait conserver plus de deux ans en collaboration avec Enrique Marco Nadal et Jaime Garrido Vila. C’est à Burgos qu’ il rencontrera de nombreux compagnons dont entre autres Goliardo Fiaschi, Juan Busquets Verges et Francisco Calle Mancilla. Il participera à tous les mouvements de protestation des prisonniers en particulier une protestation contre les défilés au son de musiques patriotiques infligés aux prisonniers et un manifeste de protestation contre l’exécution des jeunes libertaires Joaquin Delgado et Francisco Granado.
Libéré conditionnel le 23 septembre 1965 il ne put reprendre son travail à Vulcano. Il travaillait alors comme comptable au garage “Almanzor” mais était licencié pour avoir refusé de trahir les ouvriers. Il trouvait un emploi dans une entreprise de construction où une fois encore il se solidarisait avec des ouvriers licenciés. Constemment surveillé par la police et pour éviter un nouvel emprisonnement, il décidait alors de partir pour l’exil. Le 26 novembre 1966 il partait pour Barcelone d’où les compagnons le faisaient passer en France, où dès le 1er janvier 1967 il était membre de la FL-CNT du Portet.
Secrétaire général du Conseil national de Solidarité Internationale Antifasciste (SIA) il a occupé plusieurs postes de responsabilité à la CNT de Haute-Garonne (1969-1971) et a collaboré sous divers pseudonymes à la presse de l’exil (Cenit, Espoir). Dans les années 1970 il était secrétaire de la FL-CNT du Portet sur Garonne et membre de le Commission Intercontinentale de Relations (CIR). Le 1er août 1976 il partait en mission organique en Espagne et c’est alors qu’il se trouvait à Vigo que le 9 août il décèdait des suites d’une hémorragie cérébrale et d’un arrêt cardiaque.