C’est le 9 septembre 1943 que Goliardo Fiaschi, âgé de treize ans et travaillant déjà dans les carrières, avait rejoint la résistance de la région de Carrare ; pour pouvoir y être admis, il avait prétendu être âgé de plus de quinze ans. Il avait été alors chargé de récupérer les armes abandonnées par les déserteurs de l’armée italienne. Avec une charrette à bras il transportera ainsi de nombreuses armes et munitions au profit de l’unité libertaire Gino Lucetti adhérente au Comité National de Libération et à laquelle il appartiendra jusqu’au 31 décembre 1944. Il avait réalisé de nombreuses missions à Marina de Carrare et à Avenza où l’explosion d’un obus l’enterrera à moitié. Il se rendra également à Bonascola où avait été formé un groupe de partisans commandé par Alcides et où pour la première fois des armes avaient été distribuées aux paysans. Fin décembre Goliardo décidait de franchir les lignes allemandes pour se joindre aux forces anglo-américaines qui avaient suspendu leur offensive jusqu’au printemps prochain. Il fut envoyé sur le front d’Abetone avec la 3è Brigade Costrigano (Division de Modène) et lors de la reprise de l’offensive en avril 1945, il participait à l’attaque et à la conquête du Mont Lancio, puis, tout en se heurtant à une forte résitance des allemands, à la libération de Fanano, Sestola, Pavullo, Sassuolo et Modène. Il retournait ensuite à pieds à Carrare qui avaient été entre temps libéré par les partisans et où le militant libertaire Ugo Mazzucchelli, commandant de la formation Gino Lucetti, lui remettait un certificat signé du général Harold Alexander, attestant de sa participation à la résistance dans la cité du marbre.
Il participait ensuite à la vie du mouvement libertaire à Carrare. C’est au local du groupe Pietro Gori qu’en 1956 Goliardo rencontrait les militants libertaires espagnols José Lluis Facerias et Luis Agustin Vicente connus respectivement en Italie sous les noms de Alberto et de Mario Mella dont les récits allaient le décider à partir lutter en Espagne avec les groupes d’action libertaires. Il participait au camping anarchiste organisé en juillet et août à Marina de Carrare où il manquait de se noyer.
En novembre 1956 il partait pour Toulouse dans l’intention d’accompagner en Espagne Francisco Sabaté Llopart Quico mais ce dernier avait déjà franchi la frontière avec un groupe de guérilleros. Il tombait malade des suites de son accident au camping et était emmené se reposer dans une base dans les Pyrénées. En mars 1957, venant d’Italie, arrivaient en France José Lluis Facerias et Luis Agustin Vicente. Face rendait alors de fréquentes visites à Goliardo Fiaschi à qui il apprenait qu’il était recherché en Italie pour sa participation à un hold-up le 15 janvier 1957 dans une succursale de la Banco di Casale e del Monferrato à Villanova. José Lluis Facerias lui fit remarquer qu’à son retour en Italie, il lui serait facile de prouver qu’à la date du hold-up, il était en France, mais Goliardo n’avait qu’un seul désir : participer à la lutte en Espagne. Le 15 août avec José Lluis Facerias et Luis Agustin Vicente il partait pour l’Espagne où tous trois pénétraient le 17. Goliardo Fiaschi et Facerias arrivaient à Barcelone le 28 août et gagnaient une cachette située sur le Tibidabo. Luis Agustin Vicente qui s’était séparé du groupe dans la province de Gérone avait été arrêté la veille à Sabadell dans la maison d’un ami. Le 29, Face partait pour un rendez vous et Goliardo qui l’avait accompagné un bout du chemin, était arrêté à son retour à la hutte du Tibidabo. Le lendemain matin 30 août José Lluis Facerias était abattu par la police.
Traduits devant un conseil de guerre le 12 août 1958 Goliardo Fiaschi a été condamné à vingt ans de détention et Luis Agustin Vicente à vingt quatre ans et quatre mois. Il était libéré le 14 août 1966 mais était extradé vers l’Italie où en avril 1960 il avait été condamné à une peine de prison pour sa soi disant participation au hold-up de 1957. Il était interné à la prison de San Giorno di Luca, puis en octobre 1971 était transféré à Lecce puis à Portolongone dont il fut finalement libéré le 30 mars 1974 après une campagne menée en sa faveur.
Goliardo Fiaschi s’est installé ensuite à Carrare où il a milité dans le mouvement anarchiste italien, a organisé un cercle libertaire, écrit ses mémoires et participa à la défense du local du groupe Germinal jusqu’à sa mort survenue le 29 juillet 2000.