C’est alors qu’il était à peine âgé de onze mois que la famille de Luis Andres Edo avait émigré à Barcelone en quête de travail. Il y suivi pendant la guerre et la révolution l’école primaire dans un établissemnt de l’Ecole nouvelle unifiée (CENU). En novembre 1939, ’à l’âge de treize ans il commença à travailler au service traction des chemins de fer (RENFE) comme laveur de locomotives et à seize ans il adhéra à la CNT clandestine. Il participa alors essentiellement au transport et à la diffusion de matériaux de propagande (tracts, journaux) de la CNT et des Jeunesses libertaires (FIJL) jusqu’à son incorporation à l’armée en octobre 1947. En 1946 il avait été brièvement incarcéré pour le vol d’un sac de pommes de terre.
Le 19 décembre 1947, après trois mois de service militaire, il désertait et passait en France par Prats de Mollo. Il militait d’abord à Dijon puis à Paris et allait ensuite réaliser plusieurs missions en Espagne où il était arrêté une première fois le 2 août 1952 à Gérone et interné dans une prison militaire jusqu’en octobre 1953. De nouveau envoyé à l’armée, il désertait à nouveau, puis subissait six mois de cachot. Dès sa libération il passait en France et militait à Paris à la Fédération Ibérique des Jeunesses Libertaires (FIJL) et à partir de 1961 à la Fédération Anarchiste Ibérique (FAI). Il a ensuite occupé de nombreux postes de responsabilité dont celui de secrétaire de l’Allaince Syndicale (CNT-UGT-STV) et celui de responsable à la propagande du Comité national de la CNT.
Entre 1963 et 1966, en collaboration avec la structure Defensa Interior (DI), il effectua plusieurs voyages en Espagne, mandaté par la Commission de relations de la FIJL, au cours desquels il alla notamment en Euskadi, Cantabrie, Asturies, Madrid, Saragosse, Valence et Barcelone.
Secrétaire de la FL-CNT de Paris, il donnait en octobre 1966 une conférence de presse clandestine à Madrid pour dénoncer l’affaire des “cincopuntistes” regroupés autour de Francisco Royano Fernández. Il était lié au groupe des Jeunesses Libertaires -Antonio Cañete, Alicia Mur Sin, Jesus A. Rodriguez Pinet et Alberto Herrera Dativo - qui projetait d’enlever à Madrid le contre amiral américain Gilette (opération Durruti). Arrêté le 25 octobre 1966 à Madrid, et accusé de complicité dans l’enlèvement à Rome du nonce apostolique Monseigneur Ussia, il était condamné le 8 juillet 1967 à trois ans pour « association illicite » (FIJL), six ans « pour dépôt d’armes », trois mois « pour détention illégale » et à 25.000 pesetas d’amende pour « utilisation d’une fausse carte d’identité ». Pendant son emprisonnement –- à Soria, Ségovie et Jaén — il participait à diverses grèves de la faim et avait souvent été maintenu au cachot. Début 1968, alors qu’il était interné à l’hopital pénitentiaire de Madrid, un collaborateur du régime, Emilio Romero, l’accusera d’avoir participé à un certain nombre d’actions terroristes en Belgique ; mais lors du procès, Luis Andrés Edo, faute de preuves, sera acquitté de ces faits.
Libéré en juillet 1972 de la prison de Jaén et revenu à Paris, il était à nouveau arrêté en avril 1974, emprisonné en juin 1974 accusé de collaboration avec les Groupes d’Action Révolutionnaire Internationalistes (GARI) et d’avoir participé à Barcelone à une conférence de presse revendiquant et expliquant l’enlèvement du banquier Suarez à Paris par les GARI. Le 17 février 1975, il était condamné pour cela à cinq ans de prison. Interné à la Modelo, il y a participé à des grèves de la faim et a pour cela été interné cent vingt jours au cachot.
Libéré suite à l’amnistie de 1976 il était alors secrétaire du Comité régional de la CNT catalane et participait au grand meeting de San Sebastian de los Reyes le 27 mars 1977. Il a été l’un des organisateurs des journées libertaires de Barcelone qui réuniront en 1977 plus d’un million de personnes dans la capitale catalane.
En décembre 1979, lors du congrès de la CNT, Luis Andrés Edo et José Martin Artajo occupaient l’Institut International d’Histoire Sociale d’Amsterdam pour réclamer le rapatriement des archives de la CNT.
Militant du syndicat de la construction puis du syndicat des arts graphiques de Barcelone, il a participé à partir de 1977 à de très nombreux meetings et conférences dans toute l’Espagne. Arrêté à Barcelone le 4 octobre 1980 il a été emprisonné jusqu’en août 1981. En 1985 il était le directeur de Solidaridad obrera (Barcelone), puis en 1987-89 secrétaire de la CNT catalane, poste auquel il était réélu en février 1990. Lors des affrontements internes de la CNT catalane, il était membre du secteur défédéré dont il était le secrétaire en 1997.
Au début des années 2000, il était l’un des portes paroles d’une nouvelle structure libertaire, La corriente, plus proche du situationnisme que du syndicalisme.
Luis Andres Edo a collaboré à de très nombreux titres de la presse libertaire espagnole dont Catalunya(1977), Cnt, Construccion (Barcelone, 1979-80), Historia Libertaria, Lletra A, Nada, Solidaridad Obrera, Presencia, Tinta Negra, etc.
Luis Andres Edo est mort à Barcelone le 14 février 2009.
Œuvres : Il est un des auteurs de la brochure “En relacion con el caso Scala” (Barcelone, 1980) ; - La CNT en la encrucijada (Barcelone, Flor del Viento, 2006).