Fils de cheminot, Antonio Tellez Sola avait émigré encore enfant avec ses parents aux Asturies, à Soto de Rey, où les événements d’octobre 1934 allaient profondément le marquer. En 1936 il était à Lérida où il adhérait à la Fédération Ibérique des Jeunesses Libertaires (FIJL). Il allait vivre toute la période révolutionnaire à Lérida, Tarragone et Barcelone puis était appelé sous les drapeaux au moment de la retraite en 1939. Passé en France lors de la Retirada de février 1939, il était interné au camp de Septfonds. En 1940 il travaillait à la construction d’une poudrière à Lanemezan. Après la signature de l’armistice il se réfugiait à Cantaus-Touzaguet où il travaillait comme ouvrier agricole. Arrété et interné au camp d’Argelès il était enrôlé dans la 321e Compagnie de Travailleurs Etrangers (CTE), envoyé à Mende puis aux mines de Collet de Deze.
Dénoncé aux Allemands, il était transféré à Agde pour participer à la construction de fortifications. Après avoir saboté la ligne de chemins de fer Perpignan-Béziers, il s’enfuyait et se cachait à Saint Afrique (Aveyron), où il travaillait dans un hôpital. Menacé d’être déporté en Allemagne, il fuyait à La Cavalerie où il organisait l’évasion de prisonniers russes. Il s’intégrait ensuite à un maquis espagnol de la région de Decazeville et participait aux combats pour la libération avec la IXe Brigade de F.F.I.
En octobre 1944, sous le nom de Tarra, Antonio Tellez Sola participait à l’invasion du Val d’Aran dans le cadre de l’opération Reconquista de España organisée par l’Union Nationale Espagnole (UNE) sous la direction du Parti Communiste. Après l’échec de l’opération il s’installait à Toulouse où dans le cadre du Mouvement Libertaire Espagnol (MLE) il s’occupait de récupérer de l’armement pour les groupes qui partaient en Espagne et il effectuait plusieurs missions de liaison entre l’Espagne et la France.
En 1945 Antonio Tellez était nommé au Comité national de la FIJL en France. En avril 1946 il démissionnait du CN de la FIJL pour effectuer une mission en Espagne et s’intégrer à la guérilla. Après trois mois passés en Espagne, il rentrait en France et s’installait à Paris. En juillet 1947 il participait au Festival mondial de la jeunesse à Prague puis à un voyage en Yougoslavie dont il fit le récit dans l’hebdomadaire de la FIJL, Ruta (n°117 à 120). Tout en nouant une amitié profonde avec certains membres des groupes d’action, dont José Lluis Facerias et Francisco Sabaté Llopart, il publiait de nombreux articles, dessins et même une sorte de bande dessinée (“Las aventuras del señor Coleta”, 1949) dans l’ensemble de la presse libertaire de l’exil et plus particulièrement dans les hebdomadaires Ruta, CNT et Solidaridad Obrera. Il a été ensuite en 1954 l’un des fondateurs avec Fernando Gomez Pelaez du Suplemento Literario de Solidaridad Obrera.
En 1957, pour tenter de mettre un terme à l’immobilisme des responsables du MLE, il participait avec Fernando Gomez Pelaez, José Dueso Montaner, Mariano Aguayo Moran et Liberto Lucarini Macazaga à la fondation du journal Atalaya (Paris, 7 n°, décembre 1957-juillet 1958), entreprise condamnée par les organismes représentatifs. Lassé des luttes intestines, il cessait dès lors de militer et se consacrait à recueuillir l’histoire des groupes d’action libertaires en Espagne pour d’une part les revendiquer en tant que résistants antifranquistes et d’autre part en perpétuer la mémoire.
Apatride jusqu’en 1978, Antonio Tellez récupérait sa nationalité et voyagait pour la première fois d’une manière légale dans son pays. Journaliste au service étranger de l’Agence France Presse (AFP) — en mai 1968, il avait été un des rares non grévistes estimant que la diffusion des dépêches était alors primordiale — il prit sa retraite en mars 1986 et s’installait près de Ceret (Pyrénées-Orientales) puis à Perpignan et collaborait à la nouvelle presse libertaire espagnole (Cultura Libertaria, Historia Libertaria, Polemica, etc.) tout en continuant son travail de mémoire sur la résistance en Espagne.
Antonio Tellez Sola est mort à Perpignan le 26 mars 2005. Ses archives ont été déposées à l’Institut d’histoire sociale d’Amsterdam (IIHS).
Oeuvres : - Album de dessins en couleurs (1948, non paru) ; - La guerrilla urbana, Sabaté (Belibaste, 1972) ; - La guerrilla urbana, Facerias (Ruedo Iberico, 1974) ; Agustin Remiro : de la guerrilla confederal a los servicios secretos britanicos (Diputacion de Zaragoza, 2006) ; La lucha del movimiento libertario contra el franquismo (Ed. Virus, 1991) ; - Historia de un atentado aereo contra el general Franco (Ed. Virus, 1993) ; - El MIL y Puig Antich (Ed. Virus, 1994) ; - La red de evasion del grupo Ponzan (Ed. Virus, 1996) ;- A guerrilla antifranquista de Mario de Langullo “O Pinche” (Ed. A Nosa Terra, Vigo, 2000) ; - Facerias : guerrilla urbana, 1939-1957 (Ed. Virus, 2004) ; - Un attentat aérien contre le général Franco (Ed. Albache, 2014).
A. Tellez est également l’auteur de plusieurs manuscrits inédits dont : 30 años de Ruta en el exilio (histoire et documents de la FIJL de 1945 à 1974). - Accion Directa (1979-2004). - Tinieblas y sangre (abril 1949-julio 1952). - Dicionario biografico de la clandestinidad en España : 1936-1975 (en collaboration avec R. Dupuy).