Né dans une famille paysanne, Vicente Vives Peñuela avait été élevé jusqu’à l’âge de 9 ans à l’hôpital psychiatrique de Séville où son père travaillait comme infirmier. Puis il fut élève au collège religieux des Salésiens dont il ne tarda pas à être renvoyé après s’être révolté et avoir écrit sur la porte des toilettes une inscrioption injuriant les curés et commença à travailler comme apprenti coiffeur puis comme livreur de lait des étables de la zone nord de Séville.
Après la proclamation de la République il entra en contact avec le Centre ouvrier La Cooperativa du quartier de Los Carteros où il allait compléter sa formation idéologique et participa aux luttes menées par les journaliers ce qui lui valut d’être placé en maison de correction notamment pour avoir participé à l’incendie de matériels agricoles. Mis à l’index par le patronat local, il dut émigrer un temps à Madrid.
En 1934 il adhérait à la section des peintres de la CNT de Séville, participait aux luttes contre le chômage et subsistait le plus souvent en vendant la presse ouvrière. Lors du coup d’État franquiste de juillet 1936, il fut arrêté par la Guardia Civil mais, en tant que mineur, fut laissé en liberté après avoir été bastonné. Il allait survivre tant bien que mal de petits larcins et à la fin de la guerre, à l’âge de 18 ans, s’était engagé dans la Légion étrangère.
Après avoir servi au Maroc de 1940 à 1946, il rentra à Séville où ses contacts avec d’anciens militants de la CNT et du PCE lui valurent quelques désagréments et l’amenèrent à quitter la ville. Il allait alors voyager à pieds ou en train mais sans billets, travailler de divers petits boulots dans toute la péninsule et continuer de rencontrer des problèmes avec les autorités - notamment à Jativa et sur le chantier d’un barrage à Guardo (Palencia) où sa participation à un arrêt de travail à l’occasion du 1er mai lui avait valu d’être immédiatement renvoyé.
Revenu à Séville en 1960 il travaillait alors dans une étable à vaches, puis, accusé de « communisme », émigrait en Suisse, puis au Luxembourg et en Allemagne où il allait exercer divers métiers (jardinier, ouvrier, vacher) et participer à des manifestations antifranquistes avec des exilés ou des immigrés membres du PCE ou de l’UGT.
A la mort de Franco il revenait à Séville où il reprenait son emploi de vendeur de lait, puis trouvait un emploi dans une maison d’édition. Il participait alors aux luttes de quartiers et adhérait de nouveau à la CNT., puis, après la scission, à la CGT. Il participa dès lors à plusieurs études historiques sur l’histoire du mouvement ouvrier à Séville et le travail forcé des prisonniers au canal du Guadalquivir. Il fut également l’un des premiers à Seville à demander la réhabilitation des milliers d’ouvriers assassinés par la dictature.
Vicente Vives Peñuela, auquel la CGT avait rendu un hommage le 16 septembre 2006, est décédé à Séville le 21 juillet 2009.