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Los de la sierra 1936-1975
Dictionnaire des guerilleros et résistants antifranquistes

Le dictionnaire des guérilleros et résistants antifranquistes, tente de répertorier les hommes et femmes de toutes tendances (anarchistes, communistes, socialistes, sans parti) ayant participé pendant près de quarante ans, (1936-1975) souvent au prix de leurs vies ou de longues années de prison et souvent dans une indifférence générale, à la lutte contre la dictature franquiste. Ce travail a été commencé il y a plus de vingt ans par l’historien libertaire Antonio Tellez Sola (1921-2005) en collaboration avec Rolf Dupuy du [*Centre International de Recherches sur l’Anarchisme*] (CIRA).

TEJERINA MARCOS, Laurentino
Né à Villamartin de Don Sancho le 1er février 1893 - mort le 17 février 1942 - Mineur ; maçon – FAI – CNT – Leon – Anglet (Pyrénées Atlantiques)
Article mis en ligne le 13 avril 2013
dernière modification le 10 novembre 2023

par R.D.
Laurentino Tejerina Marcos

Enfant naturel, Laurentino Tejerina Marcos avait commencé à travailler dès l’âge de 14 ans aux mines de la région et à celles de Santa Lucia où il était devenu dynamiteur. Adhérent à la CNT il allait participé à toutes les luttes tout en acquérant une solide culture autodidacte.

Insoumis au service militaire, il avait été arrêté et envoyé pour cinq ans en Bataillon disciplinaire au Maroc espagnol où il rencontra le lieutenant Franco à qui il prêtera des ouvrages révolutionnaires. Au bout de trois ans et suite à une remise de peine, il était revenu au Leon vers 1919-20, où, excellent orateur et bon propagandiste il allait participer à de nombreuses luttes qui lui vaudront plusieurs emprisonnements. C’est au Leon qu’il rencontra l’institutrice Rosina Gracía avec laquelle il aura 4 enfants.

Pendant la dictature de Primo de Rivera, il développa une grande activité en particulier dans les groupes de défense. Il avait été arrêté avec Santiago Durruti et d’autres militants, en mai 1923, suite à l’exécution par le groupe Solidarios de l’ancien gouverneur de Vizcaye, Fernando González Regueral, puis relâché faute de preuves. Sa compagne enceinte, sera arrêtée à sa place et emprisonnée à Burgos avec sa fille Violeta âgée de trois ans.

Le 7 janvier 1925 il avait été arrêté à Burgos et condamné pour "délit de presse". Mis en liberté conditionnelle en 1926, et risquant une peine de huit ans, il s’exila alors en France où sa compagne le rejoindra à Anglet près de Biarritz où il vivait sans papiers et sous le nom de Valentin Castillo. Le couple habitait en 1927 avec ses deux enfants la « Villa Marthe », une petite maison ouvrière du quartier Chassain à Anglet où ils occupaient selon la police « deux pièces exiguës du premier étage au loyer de 165f par mois. ». Il recevait du courrier organisationnel au nom de Violette Laurent. Cette adresse sera découverte en février 1927, suite à la perquisition à Perpignan du domicile du militant anarchiste Jaile Rosquillas Magriña qui était en fuite. Il allait à partir de ce moment faire l’objet d’une surveillance policière. Membre de la FAI, il fut arrêté en France en 1927 pour sa participation à une manifestation en faveur de Sacco et Vanzetti.

Après la proclamation de la République en 1931, Laurentino Tejerina Marcos rentra au Leon où il allait être à plusieurs reprises le secrétaire de la Fédération locale CNT de Léon. Il fut à nouveau arrêté et emprisonné lors de la grève de décembre 1932, puis le 4 janvier 1934.

Le 20 juillet 1936, il lança un appel à la défense de la République sur un émetteur local et gagna Pola de Gordon où se regroupait la résistance et où il fut chargé du ravitaillement comme délégué de la CNT du Leon à la Délégation du gouvernement des Asturies (plenum comarcal de Villamarin le 16 octobre 1936). En février 1937 il fut nommé conseiller du Travail à la sous-délégation du Leon, après avoir été nommé secrétaire du Front Populaire. Il fut ensuite nommé commandant du Bataillon 206 formé de militants anarchistes et qui sera cité pour la prise de Pena Ubina.

Après la chute du front nord à l’automne 1937, il décida de rester sur place pour y poursuivre la résistance. Après s’être caché brièvement à Buiza, chez le compagnon Braulio, il se cacha à Viloria, à la taverne d’Angela, la soeur de Rosina, où il creusa une tranchée dans la maison au sol en terre battue qui allait constituer son refuge pendant quatre années.

Fin décembre 1941, atteint d’un cancer, il était amené en taxi, par son fils Antonio, 16 ans, à la clinique de la Plaza Guzman el Bueno (sanatorium Miranda) où il était admis sous le nom d’Angel Garcia. Au bout de onze jours, son fils le ramenait à Viloria pour mourir et l’enterrait secrètement le 17 février 1942, dans la tranchée où il avait vécu caché : "Le lendemain de sa mort, j’avais confectionné un cercueil très rudimentaire et après un dernier regard, plein d’un amour et d’une peine infinis, je le recouvrais tendrement d’un linceul. Puis avec la rage du désespoir, je clouais le couvercle de la modeste bière et l’ensevelissais sous terre dans une pièce inutilisée de la maison" (cf. Témoignage d’Antonio Tejerina, Espoir, n°23, 10 juin 1962).

Début 1945, suite à l’arrestation d’un compagnon qui avait parlé sous la torture, la police arrêtait son fils Antonio et l’obligeait à déterrer Laurentino, dont les restes étaient emmenés au cimetière où le curé d’Onzonilla, D. Ventura, refusa d’enterrer un athée. Les restes seront finalement inhumés dans une sacristie demi-détruite qui sera ultérieurement incorporée au cimetière.

Laurentino Tejerina avait notamment collaboré à La Revista Blanca (Barcelone) et Solidaridad Obrera (Bilbao, 1920)

Sa compagne Rosina Garcia est décédée en exil à l’automne 1963.


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