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Los de la sierra 1936-1975
Dictionnaire des guerilleros et résistants antifranquistes

Le dictionnaire des guérilleros et résistants antifranquistes, tente de répertorier les hommes et femmes de toutes tendances (anarchistes, communistes, socialistes, sans parti) ayant participé pendant près de quarante ans, (1936-1975) souvent au prix de leurs vies ou de longues années de prison et souvent dans une indifférence générale, à la lutte contre la dictature franquiste. Ce travail a été commencé il y a plus de vingt ans par l’historien libertaire Antonio Tellez Sola (1921-2005) en collaboration avec Rolf Dupuy du [*Centre International de Recherches sur l’Anarchisme*] (CIRA).

SOLE SUGRANYES, Oriol « VICTOR »
Né le 4 janvier 1948 à Barcelone (ou à Bor, Lerida) - tué le 6 avril 1976 - Typographe - MIL – CCOO – Barcelone (Catalogne) – Toulouse (Haute-Garonne)
Article mis en ligne le 31 mars 2013
dernière modification le 10 novembre 2023

par R.D.
Oriol Sole Sugranyes (cadavre)

Oriol Solé Sugranyes Victor avait été arrêté le 9 mars 1966 lors de l’assemblée constitutive du Syndicat démocratique des étudiants de l’université de Barcelone (SDEUB) au couvent des Capucins de Sarria avec une partie des 500 participants. En 1967 il avait adhéré brièvement aux Joventuts Comunistes de Catalunya (JCC), puis au Parti communiste d’Espagne International (PCE-I). En septembre 1968 il fut arrêté à Gérone, condamné à deux ans pour propagande illégale et association illicite et fut incarcéré à Jaen. A sa libération il entrait en contact avec le groupe Que Hacer et collaborait à la revue Nuestra Clase organe de la tendance Plateforme des Commissions Ouvrières. C’est alors qu’il y rencontra José Antonio Diaz et Manolo Murcia, deux ouvriers venant de la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC) et protagonistes de la scission des Commission ouvrières, animateurs des Plateformes et qui deviendront plus tard le noyau ouvrier lié au MIL.

En septembre 1969, suite à sa participation à Montserrat à un meeting contre le procès de Burgos, il s’exilait en France où à Toulouse il militait dans les milieux espagnols et portugais et où il devenait l’un des membres fondateurs du Mouvement Ibérique de Libération (MIL). Il avait alors édité à Toulouse un certain nombre de textes de références au nom de l’Equipe extérieure des Groupes Ouvriers Autonomes (GOA).

Le 25 mars 1971 il fut arrêté par la police française avec Jean Marc Rouillan et Vicente Sánchez à bord d’une voiture volée se dirigeant vers la frontière sur la route de Perpignan à Bourg Madame. La police découvrit à bord des exemplaires de la brochure "Boicot : elecciones sindicales" (14 p et signées 1000) et un pistolet automatique. Oriol assuma toutes les responsabilités et tandis que ses deux compagnons étaient laissés en liberté, il fut condamné à neuf mois de prison. En août 1971 il s’évadait de la prison de Perpignan, mais était arrêté au moment où il s’apprêtait à passer en Espagne. Rejugé il était condamné à neuf mois. Libéré fin juin 1972 il s’intégrait immédiatement au MIL-GAC (Groupes autonomes de combat).

Dès son arrivée à Barcelone en juillet 1972, il participait aux premières actions du groupe : attaque le 1er juillet d’une agence de paiement de retraites à Barcelone, vol de matériel d’imprimerie à Toulouse en août. Ce matériel avait été installé dans maison louée par Oriol et Jean Marc Rouillan à Bessières mais fut découvert par hasard par la police le 9 septembre. Le 17 septembre, deux jours après l’attaque par le MIL d’une Caisse d’épargne de Bellver de Cerdanya, Oriol et Rouillan forçaient un contrôle de gendarmerie à Pau. Il était arrêté le lendemain à Toulouse avec Jean Claude Torres tandis que Rouillan parvenait à s’enfuir. Oriol Solé fut condamné le 13 janvier 1973 avec Torres à un an et six mois de prison. Rouillan et Salvador Puig Antich jugés par défaut au même procès avaient été condamnés à la même peine. Pendant son incarcération c’est Jean Marc Rouillan qui assumera la responsabilité du groupe.

Lors du congrès d’auto-dissolution du MIL en août 1973 à Toulouse, il déclara que pour pouvoir abandonner les armes, il fallait faire une dernière attaque. Le 15 septembre 1973 il participait à l’attaque de la Caisse de retraites de Bellver de Cerdanya où le groupe s’emparait de 700 000 pesetas. Pris en chasse par la Guardia Civil et après avoir abandonné leur véhicule et tenté de gagner à pieds la cachette d’un autre véhicule, Oriol Solé et José Lluis Pons Llobet étaient capturés le 16 septembre au lieu dit Torre de Riu (Gérone) après avoir échangé des tirs avec les gardes qui surveillaient la cachette. Son frère Jordi Solé Sugranyes qui était le chauffeur lors du hold up était déjà parvenu à passer en France.

Le 27 juillet 1974, traduit devant un conseil de guerre avec José Luis Pons Llobet, Oriol Solé Sugranyes était condamné à 48 ans de prison tandis que Pons llobet écopait d’une nouvelle peine de 21 ans de détention. Le 5 avril 1976 avec Josep Lluis Pons Llobet il participait à l’évasion de 29 prisonniers politiques -essentiellement de l’ETA- de la prison de Ségovie. Oriol Sole Sugranyes « Victor » était capturé le lendemain 6 avril et assassiné à Ronceveaux (Navarre) près de la frontière par la Guardia Civil. Seuls quatre des évadés parviendront à passer en France.

Oriol Solé Sugranyes a été inhumé le 8 avril au cimetière de Bor (Lerida).


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