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Los de la sierra 1936-1975
Dictionnaire des guerilleros et résistants antifranquistes

Le dictionnaire des guérilleros et résistants antifranquistes, tente de répertorier les hommes et femmes de toutes tendances (anarchistes, communistes, socialistes, sans parti) ayant participé pendant près de quarante ans, (1936-1975) souvent au prix de leurs vies ou de longues années de prison et souvent dans une indifférence générale, à la lutte contre la dictature franquiste. Ce travail a été commencé il y a plus de vingt ans par l’historien libertaire Antonio Tellez Sola (1921-2005) en collaboration avec Rolf Dupuy du [*Centre International de Recherches sur l’Anarchisme*] (CIRA).

SARRAU ROYES, Liberto
Né à Fraga (Huesca) le 24 juin 1920 - mort le 27 octobre 2001 - FIJL- MLE – CNT – Barcelone (Catalogne) - Casablanca (Maroc) - Paris
Article mis en ligne le 10 mars 2013
dernière modification le 10 novembre 2023

par R.D.
Liberto Sarrau Royes (1946)

Emigré à Barcelone dès son enfance, Liberto Sarrau Royes fut, avec entre autres Diego Camacho, élève à l’école rationaliste Natura, appelée aussi La Farigola, située dans les Pyrénées, créée en 1918 par le syndicat CNT du textile et confiée au pédagogue Puig Elias.

Son père, Antonio Sarrau Español qui avait été renvoyé en 1933 de la compagnie des tramways pour son activisme, chez qui souvent était composé le journal Tierra y Libertad, tenait un kiosque à journaux où Liberto et Diego Camacho allaient commencé à travailler. A l’âge de dix ans Liberto avait publié son premier article dans Solidaridad Obrera, un conte sur trois femmes appelées République, Communisme et Anarchie.

Militant en 1935 de la Fédération étudiante des consciences libres (1935), puis des Jeunesses Libertaires (FIJL) de Gracia, il fit partie, avec Camacho et Germinal Gracia Ibars, dès le début de la révolution de juillet 1936, du groupe Los Quijotes del ideal dont il rédigera un manifeste s’opposant à la collaboration gouvernementale. En 1937-1938, toujours avec Diego Camacho et Germinal Gracia il participa à la collectivité agricole de Cervia puis s’incorpora à la 26è Division (ex colonne Durruti) et fut blessé au front à Tremp.

Parvenu à passer en France à la chute de la Catalogne –où son père sera fusillé par les franquistes le 28 mai 1939- il fut interné dans divers camps dont Saint Cyprien, Agde et Barcarés. En 1941 il était à Poitiers, puis en 1942, sur le point d’être envoyé dans une Compagnie de travailleurs étrangers à La Rochelle, il s’évada et, avec Diego Camacho, rentra clandestinement en Espagne par Banyuls, Figueras puis Lerida. Après l’arrestation de Diego Camacho il parvint à gagner le Portugal puis la France et le Maroc.

accroupi à droite, Liberto Sarrau (camp de Saint Cyprien, 1940)

En 1943 il travaillait à Casablanca comme mécanicien sur une base aérienne américaine et organisait un groupe anarchiste avec notamment Julio Torremocha, Querol et José Navarro.

Fin 1945 il était membre du Comité National de la FIJL en France, poste auquel il sera réélu en mars 1946 lors du deuxième congrès de l’organisation. Nommé comme délégué du MLE à Barcelone, Liberto Sarrau y arrivait avec sa compagne Joaquina Dorado Pita en août 1946 pour y reconstituer le Comité régional catalan de la FIJL qui venait de tomber. Il était alors membre du groupe Tres de mayo avec notamment Joaquina Dorado, Raul Carballeira et Francisco Martínez.

Fin 1946 il participait à Madrid à la constitution d’un Comité Péninsulaire de la FIJL opposé à toute ligne collaborationniste. Fin novembre 1946 il retournait en France, puis le 1er mars 1947 de nouveau entrait en Espagne par Irun et gagnait Barcelone pour y refaire paraître l’organe des jeunesses Ruta et former un groupe d’action le Mouvement libertaire de résistance (MLR) qui fut désavoué par les responsables du MLE. Il fut délégué avec Enrique Martinez au plenum de la FIJL tenu à Madrid en juillet 1947. Entré en conflit avec l’organisation, il se voyait retiré sa représentation du MLE en Espagne, lors d’un congrès à Toulouse en octobre 1947.

Arrêté le 24 février 1948, Liberto Sarrau fut sévèrement torturé et emprisonné. Une tuberculose lui permit d’être libéré conditionnel et il tenta de passer alors en, France avec Joaquina Dorado mais tous deux furent arrêtés à Ripoll en 1949. Traduit devant un conseil de guerre en 1952, Liberto Sarrau Royes a été condamné à 20 ans de prison, peine qui sera confirmée en février 1953.

iberto. Sarrau, Raul Carballeira, José Dot & Francisco Martinez (Toulouse, 1945)

Le 2 avril 1957, suite à un mouvement de protestation des prisonniers, il était transféré de la prison de San Miguel de Los Reyes (Valence) avec les compagnons Manuel Fornés et Enrico Marcos et les communistes José Ribas et Victoriano Sanchez au pénitencier de Burgos, tandis que le compagnon libertaire Joaquin Pueyo Moreno était transféré au pénitencier du Dueso. Les comités intérieurs de la prison avaient alors collecté 1800 pesetas et une cinquantaine de prisonniers, malgré l’intervention des gardiens, étaient parvenus à les accompagner jusque dans la cour lors du transfert.

Libéré conditionnel de la prison de Burgos le 12 mars 1958, il partait en mai pour la France où il tenta de mettre sur pied un réseau d’appui à la lutte armée en Espagne et ouvrit une librairie « Les Bluettes ».

Liberto Sarrau, Ricardo Sanz & Joaquina Dorado (Paris, 1973)

En 1959 il participa au plenum du Mouvement libertaire à Vierzon et fondait un nouvel organisme de lutte le Mouvement Révolutionnaire Populaire (MRP) qui existera difficilement jusqu’en 1965 et entrera en conflit avec la CNT de l’exil. Il travailla alors comme correcteur et traducteur pour l’UNESCO.

Après la mort de Franco Liberto Sarrau, qui était membre du syndicat CNT de l’industrie chimique de Barcelone, fut le fondateur l’Association culturelle et écologiste Natura (ACEN) et tenta en vain de racheter l’ancienne propriété « Mon Nou » située dans les Pyrénées catalanes et qui pendant la guerre avait abritée la colonie de vacances de l’école Natura.

Liberto Sarrau était membre en France à la 2è Union Régionale de la CNTF (Paris) dite de la Tour d’Auvergne. Il a collaboré à de nombreux titres de la presse libertaire dont Ruta (1936-1939, puis période clandestine), Ideas, Orto, Solidaridad Obrera, Umbral (Paris), etc. où il a utilisé divers pseudonymes dont Liberto Ese, S. Roy, A Elme, Brussi, Ben Atarka, et Volunto.

Liberto Sarrau Royes est mort à Paris le 27 octobre 2001 et a été incinéré au Père Lachaise. Les cendres ont ensuite été éparpillées en Espagne dans la rivière Cinca.

Œuvre : -Juanillo el abandobado(La Novela ideal, 1934) ; -Rebeldia vivida (La Novela ideal, 1937).


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