Fils d’un mineur et d’une ouvrière du textile, Agustin Rueda Sierra avait fréquenté l’école jusqu’à l’âge de quatorze ans puis avait travaillé comme apprenti pendant 4 ans puis dans une usine textile et à la mine de Sallent (Barcelone). Il avait participé très activement aux grèves des mineurs de Sallent et Balsareny en février 1972 ce qui lui avait valu d’être licencié. Arrété lors d’une manifestaion en novembre 1972 il avait été emprisonné à Barcelone jusqu’en février 1973. Il travailla ensuite dans le bâtiment et des travaux occasionnels (vendanges).
Après son service militaire, effectué à Cartagene et El Ferrol (mai 1974-octobre 1975) et durant lequel ses parents étaient décédés, il était revenu à Sallent et en avril 1976 était passé en France où il travailla dans l’agriculture à Ceret et Cornella de la Rivière. En contact avec la CNT et un groupe autonome anarchiste il effectua alors plusieurs voyages clandestins à Barcelone pour amener de la propagande clandestine et des armes.
C’est au cours d’un de ces voyages, que le véhicule où il se trouvait, avait été intercepté le 15 octobre 1977 à Coll de Banyula (Gerone). Après un échange de coups de feu, Agustin Rueda Sierra et Fernando Simón Fernández avaient été arrêtes tandis qu’un troisième membre du groupe parvenait à s’enfuir et à retourner en France. La voiture convoyait un lot d’armes. Torturé à Barcelone, il a été ensuite emprisonné à Gerone avant d’être transféré le 1er janvier 1978 à la prison de Carrabanchel (Madrid). Immédiatement il y participa aux luttes des prisonniers menées par l’organisation COPEL. Les 13 et 14 mars 1978 Agustin Rueda Sierra Denis fut battu à mort lors d’un interrogatoire concernant la découverte d’un tunnel creusé par les prisonniers.
L’enquète à propos de cet assassinat, conduira à un procès le 9 décembre 1987 contre Eduardo Cantos Rueda directeur de la prison, Antonio Rubio Vázquez sous directeur, les médecins José Maria Barig et José Luis Casas et dix gardiens. Tous les inculpés étaient en liberté depuis février 1979. Le président du Tribunal était Carlos Maria Entrena Klett qui sous le franquisme était membre du tristement célèbre Tribunal d’Ordre public (TOP). Dix ans après l’assassinat à la prison de Carrabanchel d’Agustin Rueda Sierra, le tribunal, le 27 janvier 1988 prononça les peines suivantes : neuf ans de prison pour le directeur Eduardo Cantos, le sous directeur Antonio Rubio et les gardiens José Luis Rufo, Nemesio López Tapia, José Luis Esteban, Alfredo Luis Mallo Díaz et Alberto Ricardo Cucufate De Lara ; huit ans pour Hermenegildo Pérez Bolaños ; sept ans pour Andres Benítez Ortiz ; six ans et six mois pour Julian Marcos, et deux ans pour les médecins José Maria Barigón et José Luis Casas. Le tribunal justifia la légèreté des peines par le fait que le délit de tortures ayant entrainé la mort, n’avait été inclus dans le code pénal quatre mois après les faits. Aucun des condamnés ne sera emprisonné suite au recours déposé au Tribunal suprème par les accusés.
Un hommage à Agustin Rueda Sierra a été organisé par le mouvement libertaire à Sallent en 1998.