Fils d’une famille de paysans pauvres, Manuel Lozano Guillen avait émigré encore très jeune en Catalogne où il travailla comme manoeuvre, adhéra à la CNT et aux groupes anarchistes. Son activisme l’obligea sous la dictature de Primo de Rivera à s’exiler en dans le sud de la France où il poursuivit son militantisme.
Revenu en Espagne un peu avant la proclamation de la République il s’installait à Belver de Cinca (Huesca), entrait en contact avec les militants de Albalate et en particulier avec Felix Carrasquer Launed. Organisateur d’un groupe culturel local, il fut également le premier secrétaire de la CNT de Belver et remplaça Carrasquer comme secrétaire de l’importante comarcale du Cinca qui à l’automne 1931 comptait près de 4.000 adhérents à la CNT. Particulièrement actif lors des mouvements révolutionnaires de 1932 et 1933, il sera recherché par la police.
Lors du coup d’État franquiste de juillet 1936 il fut le responsable du Comité révolutionnaire, puis des Collectivités de Belver. Délégué de la Comarcale du Cinca au plenum régional aragonais d’août 1936, il fut également avec Anberola et Val le coordinateur de l’assemblée tenue à Albalate le 22 août et réunissant les délégués de 21 villages de la comarcale. Il s’enrôla ensuite dans la 14ème centurie de la Colonne Roja y negra où, après la militarisation il devint en juin 1937 commissaire de la 127e Brigade mixte (28e Division) et allait participer pendant toutes les années de guerre aux fronts d’Aragon, du Levant et d’Estremadure.
Lors des affrontements de mai 1937 avec les staliniens, il était parti avec Maximo Franco pour Barcelone mais fut arrêté avant par Gregorio Jover, le responsable de la 28e Division.
En avril-mai 1938, suite aux combats menés sur le front de Teruel (Castelfrio, Cedrillas, Sarion), il fut décoré avec toute la Division pour avoir évité la chute de Valence. En mars 1939, il participa à Madrid aux affrontements avec les communistes aux cotés de la Junte de défense de Casado.
Fait prisonnier à la fin de la guerre à Alicante, il fut interné au camp d’Albatera avant d’être trnasféré à Barbastro. Condamné à 20 ans de prison il était interné à Huesca d’où, en mai 1940, Francisco Ponzan Vidal tentera vainement d’organiser son évasion. A l’automne 1941 il était toujours en relation épistolaire avec Ponzan grâce à l’agent de liaison Joaquin Sin Oto. Il fut ensuite transféré à Santoña puis à Madrid où il fut l’objet d’un nouveau procès où ilfut condamné à mort. Manuel Lozano Guillén, après avoir refusé jusqu’au dernier moment les responsabilités dans le syndicat vertical que lui avaient proposé les franquistes, fut fusillé le 24 avril 1945 à Saragosse.