Membre de la Guardia Civil, Juan Ramon Delicado Gonzalez s’était engagé lors du soulèvement militaire de juillet 1936 dans l’armée républicaine (XIV Cuerpo de Ejercito guerrillero) où il eut le grade de lieutenant.

Exilé en France lors de la retirada, il fit partie pendant la seconde guerre mondiale des premiers noyaux de résistants. Dès le printemps 1942 il commencat à opérer en Ariège et Aude avant d’être envoyé à l’automne dans l’Hérault pour y organiser les espagnols et prendre contact avec d’autres mouvements de résistance. Dès son arrivée à Montpellier, il constitua le premier groupe armé opérationnel et en novembre, lors de l’occupation de la "zone libre" par les allemands, réussit deux déraillements de trains à la hauteur de Mazes les Crès. En avril 1944 il rejoignit l’Aude où à l’été il fut le responsable de la 5è Brigade de guérileros espagnols et des maquis de Picaussel et de Mérial. Après la libération de Foix en août 1944, il fut remplacé à ce poste par José Diaz.

Lors de l’opération à l’automne 1944 de l’invasion du Val d’Aran Delicado était le commandant du 1er Bataillon de la 415° Brigade : le 16 octobre il partait de France avec une vingtaine de militants du PCE avec pour objectif la zone du Levant. Après l’échec de l’opération Reconquista de España il reconstituait une nouvelle unité avec des hommes des 1ère, 5è et 3è de l’Ariège. Au printemps 1945 il fut chargé par le PSUC de contrôler les groupes situés dans le triangle Tarragone-Reus-Tortosa et de leur faire franchir l’Ebre. Le groupe s’établissait alors dans la zone de Mosqueruela, dans la province de Teruel, où il établissait la liaison avec le groupe d’Atanasio Serrano Rodríguez El Capitán et ultérieurement avec celui de José Llinares Beltrán Valencia.

Peu à peu le groupe se déplaçait vers la province de Castellón de la Plana où à la mi 1945 il parvenait à entrer en contact avec deux autres groupes, celui de José Borrás Climent El Cinctorrá et celui de Los Chavales. Delicado les intégrait à son groupe qui comprenait alors plus de cinquante hommes et commençait alors à installer ses bases et à organiser un réseau d’agents de liaison.

Angel Fuertes Vidosa Antonio, qui était entré en Espagne en septembre 1945 puis avait du quitté Saragosse début 1946 suite à la répression, s’était alors réfigié au Levant. Il commençait par organiser la province de Valence où il créait un groupe d’avant garde de guérilla rurale commandé par Francisco Corredor Serrano El Gafas et un groupe d’arrière garde commandé par Florián García Velasco El Grande. C’est en mars 1946 qu’Angel Fuertes parvenait à contacter le groupe de Juan Delicado González Delicado pour préparer l’intégration de ses hommes à la future Agrupación Guerrillera de Levante (AGL). Les premiers pas importants dans la constitution de l’organisation étaient réalisés en avril lorsque Vicente Galarza Santana Andrés arrivait à Madrid avec le grade de commandant et décidait de convoquer une grande réunion à Molino del Marqués, district de Aras de Alpuente (Valence). En même temps se réunissaient aux grottes de Regajo, district de Camarena de la Sierra (Teruel), les différents responsables de groupes. C’est à cette réunion, à laquelle participaient entre autres Juan Ramón Delicado González, Francisco Corredor Serrano, Florián García Velasco, José Borrás Climent El Cinctorra et Basilio Serrano Valero, qu’était véritablement fondée l’AGL dont les statuts étaient rédigés pendant les trois jours que duraient la réunion. Vicente Galarza Santana y était désigné comme le commandant de l’Agrupación dont le siège était fixé à Valence.
Au début l’AGL se divisait en trois secteurs : le 11° commandé par Florián García Velasco où Delicado était nommé responsable des 1er et 2ème Bataillons ; Le 17° commandé par Francisco Corredor Serrano et le 5° commandé par Rodolfo qui à sa mort le 31 janvier 1947 sera remplacé par Antonio Gil Fernández Medina ancien adjoint du 17° secteur.

Ultérieurement l’Agrupación Guerrillera de Levante (AGL) deviendra Agrupación Guerrillera de Levante y Aragón (AGLA) avec la création d’un 23° secteur chargé de la zone montagneuse de l’Aragon. Dans cette zone il y avait déjà quelques groupes de guérilla et le 23° secteur établiera le contact avec le groupe de Los Maños près de la sierra de Javalambre, près de Camarena de la Sierra. Ce groupe était commandé par Doroteo Ibáñez Alconchel Maño segondé par El Chaval.

Aorès son contact avec Angel Fuertes Vidosa Andres, Delicado était decendu en mai 1946 vivre à Valence d’où il devait diriger l’Agrupacion, mais où en juin il fut reconnu par d’anciens collègues de jeunesse de la Guardia Civil et fut arrêté. Mais bénéficiant de quelques appuis dans ce corps dont il avait été membre, il fut aussitôt libéré, d’autant que la Guardia Civil croyait qu’il venait tout juste d’arriver de France. Juan Ramon Delicado regagnait immédiatement son campement où, bien qu’ayant raconté sa mésaventure à Valence, il devint suspect aux yeux des dirigeants communistes, et fut confiné au campement de Florian Garcia Velasco Grande où il fit office d’instructeur en explosifs. Trois mois plus tard et bien que personne n’ait été arrêté suite à son arrestation par la Guardia Civil, Juan Ramón Delicado González Delicado était sévèrement interrogé —il eut 7 cotes brisées - pour lui arracher des aveux puis était achevé par un de ses hommes, Antonio Gan Vargas Vargas, à Javalambre le 17 novembre 1946 sur ordre d’Angel Fuertes Vidosa Antonio. Selon les dirigeants communistes il était devenu suspect à cause de ses contacts avec divers membres de la CNT et en particulier au travers de Tiburcio Ferrer de Fuentelespino de Moya. Dans un document interne du PCE, il fut écrit : "Grande eut raison de faire éliminer Delicado parcequ’il voulait livrer l’Agrupacion à la CNT".

Dans la même zone était actif le groupe du militant anarchiste José Ramia Cipres Petrol originaire de Aguaviva (Teruel). Delicado organisera une rencontre avec le groupe de José Ramia et recrutera quelques uns de ses hommes, mais José Ramia refusera de s’unir aux militants du parti communiste, préférant continuer la lutte de manière indépendante. En décembre 1946 la nouvelle direction de l’AGL dont Antonio Fuertes Vidosa décidera de se débarasser de José Ramia : on lui proposera une entrevue pour échanger les points de vue. Lorsque, le 24 décembre, José Ramia, accompagné d’un camarade, parviendra sur le lieu de l’entrevue sur le district de Mosqueruela, un des hommes de l’AGL, Lamberto Vicente Zafón Alberto, l’abattra par derrière. Selon les communistes, Alberto se justiefira devant le camarade de José Ramia en prétendant les avoir pris pour une patrouille de la Guardia Civil.